En parcourant les campagnes, on ne peut manquer de remarquer aux alentours des villages, aux abords des routes ou sur les collines, des « vatolahy », littéralement « pierres mâles » ou « pierres levées », monolithes de granit grossièrement taillés, de trois à cinq mètres de hauteur, fichés verticalement dans le sol. Ces pierres font partie intégrante du paysage des hauts plateaux. Les rois, princes ou simples particuliers les élevaient en souvenir d’un défunt ou pour commémorer un évènement.
Lorsque le corps d’un guerrier mort au combat n’était pas retrouvé, ses proches dressaient une pierre qu’ils honoraient au lieu et place d’un tombeau. Les rois érigeaient une pierre en souvenir d’une victoire, d’une alliance avec un prince voisin ou de tout autre évènement marquant leur règne. Le fondateur d’un nouveau village élevait une pierre qui devenait pour les générations ultérieures le symbole de la présence protectrice des mânes des ancêtres. Un véritable culte se créait autour de cette pierre levée dont certaines sont encore honorés de nos jours.
Ces grandes pierres, de même que les disques des enceintes fortifiées, étaient détachées des rochers par clivage au moyen du feu qui faisait éclater la pierre en plaques. Le transport demandait une main-d’œuvre nombreuse qui traînait les pierres avec de grosses cordes en fibres végétales. Chaque pierre levée possède sa propre histoire, évocation d’un haut-fait ou d’un grand homme. Bon nombre de ces traditions se sont perdues avec le temps. Même si les habitants du lieu les honorent encore avec respect, nul ne connaitra plus l’origine de certaines pierres, témoins muets de quelques épisodes de l’histoire malgache.
La République a renoué avec la tradition des pierres levées puisque la célébration de l’indépendance fut marquée dans chaque ville et village du pays par l’érection d’une pierre, dont la forme reproduit parfois le contour géographique de l’Ile rouge. Ces stèles étaient ornées de la devise de la première République : « Fahafahana, Tanindrazana, Fampandrosoana ».

Source : Ministère de la Culture et du Patrimoine