Afin de réfléchir de façon saine, vaut mieux éviter les pièges des jugements à l’emporte-pièce et des condamnations outrecuidantes, style « Bianco une arnaque d’envergure ». Les rapports annuels d’organisations spécialisées dans cette lutte, telles « Transparency International » méritent une observation minutieuse. Ainsi en ce qui concerne 2012 la tentation serait de conclure à une augmentation de la pratique de la corruption alors que le taux dont il est fait mention concerne l’indice de perception qu’en a la population. Les chiffres sont alarmants, ils trahissent la piètre considération que l’opinion porte sur le pays en ce domaine. Les Malgaches expriment une appréciation sévère quant à la situation de corruption dans le pays, mais cela ne permet pas pour autant de voir en Madagascar le plus grand royaume de la corruption. 
Certes on ne prête qu’aux riches et en matière de corruption le pays possède un bon niveau. Il n’est toutefois pas superflu de remettre chaque chose à sa place. Les gens vivent avec la sensation d’avoir à faire à la corruption à chaque détour et à chaque instant de leur vie. A petit niveau mais en grand nombre les actes de corruption envahissent le quotidien et constituent pour tous de menus désagréments fréquents qu’ils ont fini par épouser la couleur de la banalité et que l’on ne perçoit des picotements qu’ils provoquent même plus ni la piqûre de se faire délester ni la vexation d’avoir été taxé indûment. Sur le coup on ne discute pas, ça fait partie des règles de vie. C’est simplement lorsque l’on en parle que l’on se rebiffe à posteriori contre l’ensemble. 
Les petites pluies font certes les grands ruisseaux, mais en matière de corruption ces milliers d’actes au quotidien qui empoisonnent la vie des gens, si on pouvait en faire une évaluation chiffrée, sont loin d’atteindre le volume des sommes qui se traitent au niveau de la grande corruption. Apparemment ces grosses affaires se traitent en toute tranquillité, les organes qui ont mission de les traquer ne causent pas une grande panique du reste on compte très peu de gros dossiers qui peuvent faire trembler les fondements de la République. La petite corruption de tous les jours, il ne faut pas être fin limier pour en compter des dizaines par jour, dans la rue comme dans les bureaux. 
Inutile de se rapporter au montant des sommes que l’Etat consacre à la lutte contre la corruption pour avoir l’intuition que les résultats n’en valent pas le prix. Une lutte histoire de dire que l’on s’y attelle ne fait que plomber le climat et pourrir la mentalité.

Léon Razafitrimo