Avec l’adoption de cette loi qui assassine des droits, la liberté de presse devient un thème inattendu de l’Assemblée des parlementaires francophones qui se tient à partir de ce jour justement à Antananarivo. Très mauvais calcul ainsi pour les députés malgaches qui ont voté cette loi, au nez et à la barbe du monde entier d’autant que les condamnations ne cessent de pleuvoir. Les dernières en date viennent des reporters sans frontières (Rsf), de l’Union de la presse francophone et de l’association Liberty32.

Pour une fois que l’Assemblée des parlementaires francophones (Apf) est organisée à Madagascar – effectivement, c’est la première en 42 assemblées mondiales –, les parlementaires malgaches vont se faire tout petit et raser même les murs. La raison est bien sûr ce nouveau code de la communication voté à minuit – deux heures après que les sorcières sortent pour aller profaner les tombes – à la fin de la semaine dernière. Cette loi va tout simplement museler la presse et remettre la censure au goût du jour mais aussi annihilera les droits fondamentaux de l’homme et du peuple malgache contenus dans la déclaration universelle pour les premiers, garantis par la Constitution de la IVème république, pour le second. Ainsi, les Malgaches disent adieu à la liberté d’opinion et d’expression – ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre les informations et les idées, selon cette déclaration universelle des droits de l’homme – mais aussi à la liberté de presse qui, elle, va cesser d’analyser la vie de la Nation. Et pour les parlementaires francophones du monde entier, c’est vraiment la catastrophe puisqu’ils seront tout simplement associés à la dictature – ou tout au moins protecteurs – naissante dans un des états membres.

Mallettes

D’où l’introduction du thème « Liberté de la presse » dans l’ordre du jour de la 42ème Apf : « Ce n’était pas à l’ordre du jour parce qu’au moment où nous l’avons fixé, ce n’était pas prévu. Mais cette loi nous inquiète parce que toute loi qui s’oppose à la liberté de la presse pose problème. Je pense qu’on va thématiser cela et je pense que cela débordera sur Madagascar. J’appelle vraiment de mes vœux à ce que l’on trouve une solution qui permette aux journalistes malgaches et aux journalistes du monde entier, en général, de pouvoir travailler en toute liberté. Mais liberté signifie aussi éthique et responsabilité », a déclaré au micro de la radio du monde, Didier Berberat, président de la commission de l’Education, de la communication et des affaires cultures du bureau de l’Apf. Et rien qu’à l’idée que ce code de la communication de minuit de Madagascar soit abordé dans une rencontre qui réunit la planète entière, cela fout la honte, non seulement à ceux qui l’ont voté mais aussi au peuple tout entier d’avoir des députés et sénateurs ayant osé assassiner la démocratie dans leur pays ! Evidemment, il n’est pas question de fermer les yeux et … la gueule de ces parlementaires et surtout pas de régler l’affaire avec des discours ou autres moyens de bas-étage comme les mallettes, d’autant que l’affaire pourrait être très vite qualifié de crime contre … l’humanité. Dans ce cas, certains pourrait être réclamés par la Cpi !
En tout cas, les condamnations ne cessent de pleuvoir depuis l’adoption de ce texte liberticide et les dernières en date viennent des reporters sans frontières (Rsf) et justement aussi de l’Union de la presse francophone (Upf) dont la plupart de ses membres couvrent cette 42ème Apf.

Bref, l’image de Madagascar vient de prendre un autre sacré coup puisque non seulement, il figure parmi les 3 pays les plus pauvres de la planète, mais il glisse sûrement et rapidement vers la dictature en ayant fait sauter un verrou important : la démocratie !

J.L.R