On sait que tous les camps militaires, ceux des gendarmes mais aussi de la Police à Antananarivo sont consignés si d’un autre côté, des généraux seront convoqués à Iavoloha. Tous ces mouvements ne pourront que traduire l’affolement au sommet du régime.

Depuis samedi dernier, des véhicules 4×4 de l’EmmoRég pleins d’éléments des forces de l’ordre roulent à tombeau ouvert depuis le centre-ville jusqu’à Ankorondrano. Evidemment, la circulation du week-end est beaucoup plus légère et ces voitures avec leurs sirènes hurlantes arrivent à se frayer du chemin plus facilement d’autant qu’à leurs habitudes, les forces de l’ordre apprécient particulièrement faire peur aux usagers de la route et imposer leur … impunité ! Selon les observateurs, ces dernières font de l’exercice en vue de la marche d’enterrement organisée par les journalistes pour demain mardi, et ce, afin d’enterrer au pied de la stèle de l’Ordre des Journalistes, la liberté de presse, celle de l’expression et de l’opinion. Rappelons que chaque année, c’est à cette endroit, en plein centre-ville puisque la stèle se trouve à Soarano, que les journalistes se donnent rendez-vous pour célébrer la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai. Désormais, elle sera un tombeau et il s’agit bel et bien d’une marche d’enterrement à pieds pour la simple raison que les journalistes du mouvement pour la liberté d’expression n’ont pas le moyen de louer un corbillard et surtout, figurent parmi les 92 % des Malgaches qui vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté.

D’un autre côté, on constate depuis vendredi, des rondes militaires partout dans la Capitale et c’est bien la première fois depuis la fin de la révolution socialiste en 1991 que la population assiste à ce spectacle rappelant que Bob Denard et sa troupe rôdent dans le Canal de Mozambique ou que d’autres mercenaires sud-africains risquent d’envahir le pays. Même au plus fort des tempêtes durant la dernière transition où carrément des gendarmes du Fign ont sorti leurs bazookas et autres artilleries pour déloger les occupants d’Ambohitsirohitra, ces mesures n’ont pas été jugées utiles d’être prises puisque cela ne fera qu’attiser la haine de la population envers les dirigeants du pays.

Cacophonie totale

En tout cas, beaucoup de décisions ont été adoptées depuis ce vote du code de minuit dont par exemple, le constat pour hier dimanche de la gestion de la circulation urbaine, exactement dans le centre-ville aussi, par des éléments de la … gendarmerie. Effectivement, grande fût la surprise des Tananariviens en voyant sur de nombreux carrefours des gendarmes avec leur tenue de … brousse qui s’essaient à régler le déplacement urbain. Du coup, beaucoup se sont demandés où sont passés la police communale de la Cua mais aussi la police nationale, particulièrement celle du commissariat central de Tsaralalàna. En tout cas, la cacophonie semble être totale au sein de l’administration publique, notamment concernant le volet sécurité. Pire, on sait aussi que tous les camps militaires, ceux de la gendarmerie nationale et de la police nationale à Antananarivo sont consignés, tous sans exception. Il s’agit de la Rm1 d’Analakely, du 1er Rts de Fiadanana, du Capsat de Soanierana, du Ras d’Ampahibe, du R3A de Betongolo, des camps de la gendarmerie de Fort-Duschene, d’Ankadilàlana, et entre autres, du Fip d’Antanimora et des commissariats de la Capitale. Selon des informations, la grogne monte au sein des foyers des agents de forces de l’ordre puisque des membres de leurs familles avancent que ces derniers ne sont nullement concernés par la détérioration de la situation actuelle : « Les députés ont voté une loi déjà décriée par tout le monde et maintenant, ce sont les forces de l’ordre qui sont consignées dans leurs camps. Nous aussi, nous avons besoin de nos maris dans nos maisons parce que l’insécurité règne dans tous les quartiers de la capitale », a déclaré une mère de famille !

Et pire, des généraux seront convoqués au Palais d’Iavoloha en ce début de semaine, selon une information lue sur un site online. Apparemment, tous les voyants sont au rouge.

Luc Matthieu