Les Ewe du Togo, en Afrique, ont un proverbe : «  La sagesse est comme un baobab, nul individu ne peut l’embrasser ». Le proverbe se réfère aux arbres massifs du genre Adansonia pouvant vivre des milliers d’années, atteignant 30 mètres de haut et 10 mètres ou plus de diamètre.

Un baobab en Afrique du Sud est si grand qu’un pub populaire a été mis en place à l’intérieur de son tronc. De nombreuses cultures locales considèrent  les baobabs pour être sacré. D’autres les utilisent pour leurs fruits nutritifs, les feuilles comestibles et de belles fleurs. En outre, les vieux baobabs, comme beaucoup d’arbres à long terme, ont souvent des dépressions naturelles dans leurs troncs, qui dans leur cas peut stocker des dizaines de milliers de litres d’eau : une ressource importante non seulement pour les arbres eux-mêmes mais aussi pour les personnes qui vivent près d’eux. Mais la taille et la valeur culturelle de baobabs ne sont pas nécessairement faites pour les protéger.

Selon les recherches publiées le 5 juillet dernier dans « Biological Conservation », deux des espèces endémiques de baobab de Madagascar perdront beaucoup de leur habitat disponible dans les 70 prochaines années en raison des changements climatiques et du développement humain. Et une espèce ne peut survivre au-delà du siècle prochain. La Grande île abrite sept des huit espèces de baobabs dans le monde, dont six ne se trouvent nulle part ailleurs.

Modèles de distribution

L’étude faite par des scientifiques du centre de la recherche agronomique française Cirad et l’Université de York en Angleterre, s’est appuyée sur des images satellite et des travaux sur le terrain pour développer des estimations de la population et des modèles de distribution pour les trois espèces de baobabs: Adansonia grandidieri, A. perrieri et A. suarezensis.

Les trois espèces sont actuellement inscrites comme menacées sur la liste rouge de l’UICN, qui n’a pas réévalué toute espèce Adansonia depuis 1998. L’étude suggère que deux espèces devraient maintenant être reclassées en danger critique d’extinction.

Une de ces espèces, A. perrieri, a  la population actuelle la plus basse, selon l’étude, avec seulement 99 arbres observés sur le terrain au cours de dix années d’étude. Sur la base de son adaptation aux conditions climatiques et géographiques spécifiques, les chercheurs estiment que le changement climatique va diminuer l’habitat de cette espèce d’environ 21.000 km² aujourd’hui à un peu plus de 6500 kilomètres carrés en 2080.

La seconde espèce, A. suarezensis, a une population estimée plus de 15.000 arbres, mais une zone de distribution beaucoup plus faible de seulement 1200 km². Basés sur des modèles de changement climatique et de l’adaptation des espèces à de fortes précipitations, les chercheurs ont estimé que la distribution de cette espèce se réduira à seulement 17 km² en 2050 et pourrait faire face à l’extinction potentielle d’ici 2080.

Le seul point positif dans leur étude était que l’A. grandidieri, espèce de baobab la plus répandue. Les chercheurs ont compté environ un million d’arbres avec une distribution de plus de 26.000 km². Selon leurs modèles de changement climatique, cela ne devrait pas beaucoup changer d’ici à 2050 ou à 2080, mais l’équipe recommande toujours de classer l’espèce comme menacée.

(Source : CIRAD)