Quelques nostalgiques aujourd’hui encore posent l’hypothèse impossible « si Herizo avait été là ! ». Les regrets au fond de la voix n’y changent rien, il n’est plus là, c’est la réalité et il faut faire avec, c’est-à-dire sans lui, le reste appartient à de la politique fiction, et plus que jamais les moments graves que traverse le pays nécessitent que chaque acteur politique, chaque citoyen conscient garde les pieds sur terre. Il n’est déjà que trop que de hauts responsables tant nationaux qu’étrangers baladent la population et ballottent l’opinion dans des initiatives douteuses et des combines en trompe-l’œil. 
Ce n’est pas pour autant que l’on puisse jeter aux orties le souvenir d’Herizo Razafimahaleo. Aujourd’hui des voix s’élèvent pour se réclamer de cet homme qui à défaut d’avoir eu l’occasion de donner toute sa mesure d’homme d’Etat, aux différents postes de responsabilité qu’il a occupés, a témoigné d’un grand sens de l’Etat et d’une réelle richesse humaine.
Si se demander ce qu’aurait fait Herizo s’il avait été vivant, et ce qui aurait pu changer s’il avait été là, ne rime pas à grand-chose, à l’inverse s’interroger sur ce qu’auraient pu être ses réactions et initiatives en telles ou telles circonstances peut constituer une réelle source d’inspiration. C’est une manière de rendre hommage à ce théoricien à la fois brillant tribun que bénéficiaire d’un réel estime dans l’intelligentsia et d’une popularité prouvée à la base des électeurs, mais ce n’est pas la meilleure façon de fructifier l’héritage.
D’héritage il en a laissé, et les légataires naturels sont évidemment ceux qui ont repris la bannière du Leader-fanilo. C’est vers eux que se tournent les regards. De la pensée d’Herizo qu’en ont-ils fait ? 
Une interrogation qui ressemble à une interpellation, mais qui en réalité ne contient aucune critique. C’est qu’il faut du temps pour remplacer le vide qu’a laissé ce grand bonhomme. Derrière le grand homme en effet vivait un réel bonhomme, un mec qu’il n’était pas désagréable d’avoir comme compagnon de route ou comme copain au quotidien. La haute considération qu’il avait de sa personne, ne portait pas nuisance à une sorte d’humilité qu’il manifestait par une bonne capacité d’écoute et par une aptitude à entendre des contradicteurs développant des arguments aussi musclés que ceux qu’il avançait. 
Une tendre pensée à l’endroit d’Herizo rappelle que de lui on a fait le deuil. Seulement pour se redresser ses héritiers ne peuvent que se raccrocher en premier lieu à une posture chère à Herizo. Il a certes signé des alliances que l’opinion n’a pas toujours comprises, seulement dans ces alliances Herizo s’est toujours gardé de se coucher, il a cultivé une fidélité scrupuleuse à ses convictions, et en matière d’idéologie il ne se situe ni parmi les ventres mous ni en compagnie des carafes vides.

Léon Razafitrimo