A quelques jours de la date-butoir du 31 juillet, délai avancé par la récente délégation du Gic-M afin que les entités politiques malgaches acceptent ses « conditionnalités », la situation politique devient de plus en plus tendue. Les événements récents, notamment l’arrestation du candidat Laza Razafiarison, ainsi que la menace selon laquelle certaines personnalités projetteraient des troubles pour la journée de demain samedi, entretiennent un flou qui rend le processus de sortie de crise plus incertain que jamais. Pourtant, si on se réfère aux récents résultats de l’enquête Afrobaromète qui mesure les aspirations de la population, les Malgaches aspirent plus que jamais à l’organisation de l’élection présidentielle, le seul moyen pour eux de sortir enfin le pays de la longue crise sociopolitique.

Actuellement, il semble bien que deux dynamiques se juxtaposent. D’abord, celle des politiques qui restent dans leur « bulle » constituée de luttes partisanes dans lesquelles chacun essaie de l’emporter sur les autres. Ensuite, celle de la population dont une partie importante continue de souffrir de l’impact négatif de la longue crise. Sur ce point, les récentes enquêtes conduites par des scientifiques montrent bien cette dichotomie et révèle le fossé qui sépare les dirigeants des dirigés. En effet, les politiques semblent dans l’incapacité de résoudre une crise tant décriée par la population et de laquelle elle veut sortir.

Désaffection

Pour le moment, le débat sur les élections est ainsi dans l’impasse. Déjà, avec le regain récent des tensions, il est peu probable que le contexte soit favorable à une quelconque tenue de scrutin. Pourtant, aussi bien la population que la communauté internationale appelle de tous leurs vœux la tenue des scrutins. La difficulté est telle qu’actuellement existe un véritable divorce entre le régime transitoire et la communauté internationale. La preuve en est cet échange de lettres entre le Président de la Transition et le Commissaire en charge des questions liées à la Paix et la Sécurité de l’Union africaine, Ramtane Lamamra. Avec ces diverses tensions – entre le régime transitoire et la communauté internationale, entre les entités et personnalités politiques malgaches –, on a des doutes sur la mise en œuvre des diverses dispositions de la Feuille de route. D’ailleurs, certains observateurs estiment même que ce plan de sortie de crise signé en 2011 serait déjà dépassé même si les politiques s’y réfèrent encore. Dans tous les cas, la situation politique semble beaucoup plus compliquée encore que dans les années 2009-2010. Les efforts pour sortir le pays de cette longue impasse existent mais ils sont de plus en plus difficiles à se concrétiser, d’autant que les politiques se rejettent les responsabilités. Une attitude qui explique largement la désaffection de la population vis-à-vis des dirigeants et de la chose politique d’une manière générale.

L. Denis Alexandre