Tout comme le Cepe, le Bepc va se tenir dans un froid de canard cette semaine. Et tout comme le premier examen officiel, des centaines de milliers d’élèves vont rester sur le carreau avec pratiquement aucun moyen de pouvoir redoubler la même classe et par conséquent, grossir le rang des enfants qui n’auront plus accès plus à l’école l’année prochaine.

Pour le Certificat d’études primaires et élémentaires (Cepe) 2016, ils étaient 492 659 candidats sur tout le territoire et le résultat allait d’une réussite de 80% à 45%, selon  la circonscription scolaire. Le plus fort taux serait obtenu par le district d’Ankazoabo Sud (81,93%) si le plus bas score était enregistré dans le moyen-ouest, plus précisément à Soavinandriana dans la Région Bongolava avec un taux de 45% et quelques. A rappeler qu’Ankazoabo Sud a été, durant toute  la dernière année scolaire, le théâtre de sanglants affrontements entre dahalo et forces de l’ordre ayant touché de près la population. Dernièrement, le pire est arrivé puisque les voleurs de zébus ont carrément attaqué des civils, plutôt un car de transport en commun et de ce drame, on a enregistré une trentaine de morts. Apparemment, cela n’a rien affecté à la … qualité de l’enseignement primaire dans ce bled perdu où les élèves s’assoient tout simplement sur le sol  pour travailler à l’école ! Mieux, la circonscription scolaire d’Ankazoabo Sud a battu à plate couture celle d’Antananarivo ville, la capitale du pays, puisque cette dernière n’a enregistré qu’un taux de réussite de 58,71%, soit une énorme  différence de plus de 23 points. Et cela ne peut vouloir dire que les enfants d’Ankazoabo sont plus intelligents et mieux enseignés que ceux de la ville des mille puisqu’ils ont subi le même examen. Et même si dans la Capitale, on peut toujours travailler sur des bancs de bois et bénéficier d’un environnement beaucoup plus favorable – sans aller chercher l’eau à des kilomètres mais seulement aux bornes-fontaines alors que les instituteurs sont toujours présents puisqu’ils ne passent pas leur temps à fuir les dahalo et ce ne sont que des exemples parmi des centaines qu’on peut citer -, tout en prenant les repas offerts par les cantines.

Misère absolue
Evidemment, on peut toujours se cacher derrière la fallacieuse raison du … « largement mieux » par rapport au résultat du Cepe blanc qui a fait un horrible score de 32% uniquement, pour les élèves de la classe de 7^ème d’Antananarivo Renivohitra. En tout cas, la moyenne générale du taux de réussite pour tout le pays n’a pas dépassé les 60% – ne tenant pas compte de l’entrée en classe de 6^ème – et au bas mot, ils sont un peu de 200 000 élèves à devoir refaire la même année. En principe !
Effectivement, les places ne seront jamais suffisantes pour les accueillir de nouveau pour le même niveau puisqu’il y a aussi les passants qui ont hâte d’en découdre avec leur premier examen officiel de leur vie. Le cas est le même pour les écoles primaires publiques que pour l’enseignement privé. Mais surtout, les moyens financiers ne vont pas suivre  pour de très nombreuses familles, pour ne pas dire pour la plupart d’autant que la motivation n’y est plus, et pour les parents mais aussi pour les enfants. Refaire la même année coûte toujours plus que celle d’avant alors qu’aucune avancée pour l’élève n’est constatée. Et puis, la misère absolue gagne de plus en plus de terrain et sur les 22 millions de malgaches, on le sait que trop : 92% vivent sous le seuil de pauvreté. Dans ce cas, peu d’entre eux vont revoir le banc de bois !
Et c’est dans ce même contexte que 323 963 élèves de la classe de 3^ème vont affronter les épreuves du brevet d’études du premier cycle avec une tempête tropicale qui s’annonce sur la côte est de Madagascar. Du coup, beaucoup se demandent combien d’élèves seront  renvoyés à leur … famille à l’issue de l’examen.

J.L.R