A première lecture, on perçoit une sorte de pléonasme dans ce titre ; naturellement les dangers ne peuplent ils pas tout état d’insécurité ? C’est vrai ; mais en réalité, ici il s’agit surtout du danger que l’insécurité présente pour l’avenir du fait qu’elle s’installe familière par une répétitivité dans une escalade quotidienne de violence presque devenue banale même quand cette violence s’exprime sous des formes inédites de cruauté. Plus elle pénètre le cadre de vie, plus dure sera l’entreprise de l’en chasser. 
Au-delà des manifestations horrifiées, réactions convenues de mise dans les échanges de commentaires et malgré une psychose justifiée, l’opinion semble se résigner à considérer la violence et la sauvagerie comme des conséquences inéluctables, inhérentes à l’évolution de la société, évidemment chacun avec le secret espoir égoïste que ça ne peut arriver qu’aux autres. Cette résignation populaire et peut-être l’incapacité de cette population à s’exprimer, tellement écrasée par les difficultés et tant revenue de toutes les illusions, n’exercent pas une pression suffisante auprès des pouvoirs publics, déjà que ceux-ci ne parviennent pas à assumer leurs premières obligations, parmi celles-ci justement celle d’assurer la sécurité des biens et des personnes.
Même si l’on a atteint la cote d’alerte, la situation ne justifie pas encore que l’on réclame des démissions en cascade ; cependant, il est temps qu’ils se remuent le popotin autrement qu’en paroles, les mauvais garçons ont manifestement plusieurs trains d’avance sur les responsables de la sécurité. « Attention nous débarquons », préviennent les membres d’une unité d’élite. Les affreux jojos du milieu voyou en pissent dans leur froc, malheureusement plus de rire que de peur ; et, à l’inverse, la population au lieu d’en être rassurée s’inquiète des bavures éventuelles consécutives généralement au zèle en de telles circonstances. Faire du chiffre et médiatiser les scalps obtenus ne suffisent plus à faire croire que l’on maîtrise la situation. Démonstration de force et déclaration d’intention voire déclaration de guerre ne sont que gesticulations qui ne leurrent plus un public mûri au lait des mensonges et de la désillusion.
La population ne se contente plus ni de spectacles de muscles ni de paroles lénifiantes, elle attend en résultat une baisse palpable de la criminalité et une décrue de la délinquance. Elle s’imagine bien que ce n’est ni à une inefficience des agents des forces de l’ordre ni à une quelconque incompétence de leur hiérarchie que revient la responsabilité de cette déliquescence de l’Etat incapable d’assumer pleinement ses responsabilités élémentaires. Le défaut d’une politique claire de sécurité publique expliquerait plus l’état actuel d’insécurité. A leur décharge ou peut-être au contraire en circonstances aggravantes, les gens au pouvoir hier et peut-être plus aujourd’hui, tellement parano en raison des menaces directes sur leurs petites « importantes » personnes, mobilisent en premier lieu le plus gros de la troupe dans la lutte contre la déstabilisation et dans la protection des hautes personnalités. Un peu plus ils se feraient à une conviction qu’ils gouvernent un peuple de parano et de mytho. Egocentriques jusqu’au bout, ils pensent détenir le monopole du danger qui menace leur personne et leur pouvoir. Dans le cas contraire où ils auraient la pleine mesure de l’insécurité, les mesures actuelles signifieraient un égoïsme coupable, celui de mobiliser la puissance publique davantage au service du système (de leur propre sauvegarde et de celle de leur pouvoir) qu’à la protection de la population.

Léon Razafitrimo