L’épisode El Niño est un réchauffement anormal de la température de la surface de la mer dans l’Océan Pacifique équatorial. Par ailleurs, il a décuplé les épisodes de sécheresse dans les districts les plus pauvres du sud de Madagascar où 80% de la population rurale est touchée par l’insécurité alimentaire.

Actuellement, ce phénomène a pris fin. Cependant, il a décuplé les épisodes de sécheresse dans les districts les plus pauvres du sud de Madagascar, où 80% de la population rurale est touchée par l’insécurité alimentaire. Cette année, 26,5 millions d’enfants d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, les régions les plus touchées, ont besoin d’une assistance. Et plus d’un million d’entre eux nécessitent un traitement contre la malnutrition aiguë sévère. Ces chiffres alarmants pourraient même continuer à grimper en raison de sécheresse et des maladies engendrées par ce phénomène climatique spectaculaire. El Niño a entraîné la hausse des températures mondiales la plus élevée depuis plus de 130 ans. Le dernier cycle, qui a commencé en mars 2015, a frappé de plein fouet certains des pays les plus pauvres du monde, dont Madagascar, faisant de nombreuses victimes parmi les enfants. Dans de nombreux pays, les ressources déjà limitées ont atteint leurs limites.

Les enfants sont les premières victimes

Les enfants des régions les plus touchées souffrent à présent de la faim. Leur avenir est, lui aussi, en jeu. En effet, les conditions météorologiques extrêmes ayant mis un frein à leur scolarité, ont favorisé le développement de maladies et de la malnutrition, et dépossédé les familles de leurs moyens de subsistance. Par ailleurs, l’absence de scolarisation augmente souvent les risques de mauvais traitements, d’exploitation et, dans certaines régions, le mariage précoce pour les enfants. La malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a connu une augmentation alarmante. Alors que certaines familles vivaient déjà dans des conditions précaires, elles ont  maintenant recours à des mécanismes d’adaptation drastiques, en sautant des repas ou en vendant leurs biens.

La sous-nutrition dès le plus jeune âge peut avoir des effets à long terme et peut être transmise à la génération suivante. Un cycle vicieux peut alors s’installer. Les filles sous-alimentées sont plus susceptibles de devenir des mères sous-alimentées. A leur tour, elles présenteront un plus grand risque de donner naissance à des nouveau-nés avec un poids insuffisant.

Les changements de température, les variations d’humidité et la modification des cycles dans les précipitation, ont entraîné une recrudescence de maladies telles que la dengue, la diarrhée et le choléra. Celles-ci étant responsables d’un grand nombre de décès chez les enfants.

Effets d’El Niño à Madagascar

Le phénomène El Niño a aggravé la sécheresse en Afrique de l’Est et en Afrique australe. Madagascar fait partie des pays de l’Afrique de l’Est touché par le phénomène. Et ce sont surtout les habitants du Sud du pays qui ont payé des conséquences du changement climatique. Cette longue saison de sècheresse extrême a été le coup de grâce après qu’une série de chocs climatiques survenus en 2014 et 2015 avaient déjà détruit les récoltes et épuisé les sources d’eau. Ce qui a rendu de nombreux enfants dépendants de l’aide alimentaire pour survivre. Suite à la sècheresse intense, 1.1 millions de la population vit désormais dans l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, la hausse des températures et du régime des précipitations moins prévisibles ont perturbé les cycles de plantation agricole pour les trois dernières années. Ce qui a entraîné des pertes de récolte importantes et une pénurie alimentaire. Et cette année, El Nino a fait les choses encore pire. Les précipitations ont été jusqu’à 75 pour cent inférieures à la moyenne des 20 dernières années et les pertes de récolte de 80 pour cent ont été prédites. Dans cette région où sont principalement cultivés le maïs et le manioc, l’absence de pluie a laissé les habitants sans récolte. Les villageois sont parfois contraints de se rabattre sur les semences qu’ils mangent au lieu de les planter. Ils ont même été à manger les fruits des cactus dont les apports nutritionnels sont très faibles.

Menace du phénomène

La Niña

El Niño se caractérise par une élévation inhabituelle de la température de l’eau dans le Pacifique équatorial.

Tandis que La Niña se traduit par des températures océaniques anormalement basses dans la même région. Elle influence généralement le climat dans les mêmes régions qu’El Niño, mais de façon opposée. Par ailleurs, là où El Niño a entraîné une sécheresse, La Niña pourrait causer de fortes pluies. Cette dernière cause généralement des dégâts moins importants, mais peut avoir un effet dévastateur sur des communautés déjà largement fragilisées par le passage d’El Niño. En d’autres termes, La Niña pourrait amener les précipitations dont certaines régions ont grandement besoin. Mais de fortes pluies pourraient également provoquer des inondations ayant des conséquences potentiellement catastrophiques.

On pourra notamment voir la détérioration des terres agricoles, la destruction des récoltes, des glissements de terrain, ou encore la fermeture de routes essentielles à l’acheminement d’aide et de nourriture auprès des communautés les plus vulnérables. S’il survient, le phénomène La Niña risque d’aggraver l’impact d’El Niño sur les populations vulnérables. Pourtant, la plupart des pays sont dans une période où l’exploitation des ressources est déjà à son maximum.

Recueillis par S.K.