Grande fut la surprise de tous hier en recevant le communiqué du Conseil du gouvernement qui annonce sa décision de « mise en stand-by du projet » ! Finalement, la pression tous azimuts a porté ses fruits d’autant que la communication du ministère de la Population a commis la bourde monumentale de qualifier le Père Rodolphe de l’Eglise Catholique Romaine de Madagascar – curé de Miarinarivo – de meneur du mouvement de contestation. En tout cas, le gouvernement se rattrape puisque la partie chinoise a décidé unilatéralement de suspendre ses activités. D’un autre côté, le mouvement pour la liberté d’expression sera sur les lieux ce jour pour un grand « miara-manonja » avec la population de l’Imamo et de l’Itasy.

Le communiqué de presse émanant du ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme en date du 15 juillet dernier fait état d’une délégation ministérielle ayant effectué une visite à Soamahamanina. Le ministre est ses collaborateurs étaient venus écouter la population divisée en deux camps, selon le terme utilisé par le communiqué, dont les propriétaires des terrains concernés par le périmètre minier et qualifié de … « victimes de persécution et de menaces » ! Dans le troisième paragraphe, le communiqué a qualifié le Père Rodolphe, curé de Miarinarivo, d’être … « à la tête du mouvement de contestation ». Ainsi, on voulait faire gober à tout un peuple que l’Eglise Catholique Romaine de Madagascar est désormais le premier opposant du régime actuel tout en mettant en évidence que d’autres membres du fokonolona sont opprimés. Mais les images obtenues de Soamahamanina ont démontré le contraire et sans le Père Rodolphe mais aussi les Evêques de Madagascar, la révolte populaire allait être matée dans le sang. D’ailleurs, le Préfet de l’Itasy et autres autorités ont déjà annoncé qu’ils n’ont que faire des prêtres et de la population locale. Voilà donc des « vava tsy ambina » qui coûtent cher au gouvernement.

Représentant valable et digne
Et Mahafaly Olivier se voit obligé de faire machine arrière puisque cela n’a fait que monter de plusieurs crans les tensions entre les diverses parties concernées. Evidemment, la partie chinoise, et plus précisément l’Ambassade de la République populaire de Chine, était le premier à se ressaisir pour la simple raison que la Chine tient plus à une coopération vieille de plus de 40 ans si d’un autre côté, Soamahamanina n’est pas le seul et unique investissement réalisé par les chinois à Madagascar mais aussi en Afrique.
Ainsi, le gouvernement a décidé hier de « mettre en stand-by les activités d’exploitation de Soamahamanina afin d’apaiser la tension sociale faisant suite aux manifestations des personnes opposées au projet ». En même temps, le gouvernement met en place un comité interministériel composé de 5 ministères, en charge de réexaminer le dossier et ses éventuels impacts social, environnemental, économique et culturel. Pour les observateurs, le seul hic dans toutes ces décisions est la réunion de médiation présidée par la Préfet de la Région d’Itasy qui se tiendra ce jour puisque l’association Vona Fitiavan-tanindrazana composée de toute la population d’Imamo et d’Itasy a déjà pris la mesure de ne plus procéder à aucune décision avec cette autorité régionale. En somme, cette réunion risque tout simplement de ne pas exister et le gouvernement ferait mieux de dépêcher sur le lieu un représentant valable et digne aux yeux de la population locale. En tout cas, cette dernière recevra ce jour le soutien plein et entier des journalistes du mouvement pour la liberté d’expression et pour une fois, le « miara-manonja » se tiendra à Soamahamanina.

J.L.R