Dire le talent d’Onitiana Realy ne fait pas dans l’originalité tant reconnaître les mérites à cette consœur qui commet dans l’audio-visuel constitue un lieu commun. Cependant il est des moments où ce qu’elle produit atteint des niveaux qui valent à l’émission d’être classée dans la série d’anthologie. Ce fut le cas pour l’hommage rendu à Herizo Razafimahaleo. C’est vrai que pour ce « spécial invité du vendredi » les circonstances étaient particulièrement favorables. Tout d’abord ça tenait à la personnalité de l’invité lui-même, quelle stature ! Pas seulement physiquement, ça rappelle la remarque d’un critique concernant Orson Welles : « on ne peut pas nier que ce génie a aussi utilisé son physique, mais Orson Welles aurait été un lilliputien qu’il aurait été un nain géant de génie». Herizo Razafimahaleo n’avait pas que ses rondeurs pour en imposer et pour impressionner.
 Ce vendredi 26 Juillet 2013, l’émission « l’invité du vendredi » a aussi eu cet avantage d’opérer un miracle que permet la technologie, faire revivre et faire témoigner un disparu. C’est banal, que d’artistes hantent les ondes quotidiennement par des films ou par des clips de morceaux musicaux. Mais en la circonstance, ça était une réussite particulière et ce n’est que le fruit d’une préparation travaillée avec grand art. Derrière tout le spectacle, Herizo au-devant de la scène n’était que le personnage qui n’exprimait que tout ce qu’il plaisait à la productrice de l’émission qu’il dise. Cette manipulation fait partie de l’apanage du patron de l’émission. En rendant hommage à Herizo Razafimahaleo Onitiana Realy avait sûrement à l’idée d’étoffer et de muscler ainsi sa ligne éditoriale actuelle, et elle y est parvenue. 
Marc Ravalomanana en a pris pour son grade. Le florilège des émissions auxquelles Herizo a participé, a contribué à donner un éclairage très cru sur ces années durant lesquelles légalité et légitimité ont rivalisé pour justifier l’illégal et l’illégitime. Mais comme l’a plusieurs fois rappelé Onitiana en le mettant dans la bouche d’Herizo, « critique et combat ne se dressent pas contre une personne mais contre une idée, contre une action, contre un système. » Forts de ça téléspectateur et auditeur ont éprouvé tout au long de l’émission la tentation de transposer les critiques autant sur des périodes antérieures que postérieures à la disparition du personnage Herizo Razafimahaleo. Dans un cas comme dans l’autre ça a fait tilt, et les résonnances se prolongent. 
A travers cette grille de lecture on comprend un peu mieux ou on condamne avec argument les réactions et comportements des présidents Zafy et Ratsiraka, même si ça peut mettre parfois l’un ou l’autre mal à l’aise. Le plus miraculeux se produit pourtant lorsqu’on chausse sur le nez les lunettes grossissantes de Herizo pour regarder le système Transition, période qu’il n’a pourtant pas connue, mais on jurerait presque que ce qu’il disait ce 26 Juillet 2013 dressait en même temps un état des lieux du système transition sans concession.

De cette soirée il est resté au moins une information qu’a lâchée Herizo au passage et qui éclaire la lanterne sur les exigences du FMI et de la Banque Mondiale. Ces institutions « gendarmesques » n’interdisent pas que l’Etat subventionne le prix du riz, mais elles exigent que ce faisant l’Etat opère des restrictions équivalentes sur d’autres chapitres de dépense pour dégager le financement de la subvention dont il veut faire bénéficier une filière. Il en va pareillement lorsqu’il s’agit d’un projet pour effectuer une hausse des salaires des fonctionnaires. Comment en effet imaginer opérer un équilibre à vouloir effectuer une hausse des salaires, subventionner le prix du riz, et en même temps vivre sur un grand pied en multipliant ne serait-ce que le nombre de gros véhicules. Le FMI et la BM ne font que rappeler et exiger des règles de base d’une saine gestion. Et en ce domaine il n’y a pas de miracle mais simplement des situations en trompe-l’œil. Le grand malheur c’est que tous les faux-fuyants finissent par rattraper et par la suite le pays se trouve fatalement devant l’obligation de s’en acquitter par de nouveaux sacrifices imposés à la population. Si Herizo a semé, il est temps que le grain lève, à ses héritiers d’entretenir les plants, et particulièrement aux membres du Leader-Fanilo. Les formules ont été élaborées dans ses propositions pour que baisse le prix du riz et que le prix des carburants se rapproche du pouvoir d’achat moyen sans que cela ne grève la marge légitime des distributeurs.

Léon Razafitrimo