Ils étaient les idoles des jeunes dans les années 2000. Tout le monde aimait leurs chansons, petits et grands étaient ciblés par les paroles parfois poignantes, certes avec les argots des jeunes mais dotés d’une certaine maturité exceptionnelle. A leur époque, ils étaient en quelque sorte des messagers, voulant relater tout simplement leur pensée, évoquer des points de vue que l’on n’osait pas dire. Des réalités quotidiennes, la vérité sur la vie des ados ou encore dans la vie de couple. Ils, ce sont les boys and girls bands qui avaient disparu de la scène nationale depuis bien longtemps. Nabaoh, Suspens, Telo isan-jato, Spesialista, Krutambull, Tempo Gaigy ainsi que Tif a Tif. Depuis l’année dernière, le comeback de ces deux derniers  groupes s’est multiplié et ce, pour organiser un grand concert. Cette réapparition en force a même surpris plus d’un car personne n’aurait imaginé que les groupes boys and girls bands se rappliqueront un jour à l’autre. Et grâce à l’initiative d’un producteur, qui a voulu se placer avant tout comme un vrai fan, le comeback de ces formations a été rendu possible. Aujourd’hui dans la rubrique people, la troupe de Brown, qui n’est autre que le groupe Telo isan-jato sera notre invité. Interview !

Madagascar Matin (MM) : Parlez-nous du groupe Telo isan-jato

Telo isan-jato (TI) : En réalité, nous avons commencé la musique lorsque nous étions à l’Université Ankatso. Etant donné qu’on était tous des cousins, et qu’on partageait le même feeling, on a décidé de mettre sur pied notre groupe. D’ailleurs, Brown avait un talent de compositeur, ce qui a facilité les choses. Nous n’avons jamais pensé que ça allait avoir du succès, mais finalement, notre musique a plu au grand public et Telo isan-jato est devenu un nom. Au début, nous étions 4 mais aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois à représenter la formation Telo isan-jato à savoir Jary, Brown et Naina. Comme on nous a connus à l’époque, nous parlons un peu de tout dans notre chanson mais surtout de l’amour dans toutes ses facettes. On peut dire que la chanson la plus connue du grand public est « Madama anie manjamanja », un tube qui a fait son buzz, et même actuellement, les jeunes l’adorent.

MM : Pourquoi le nom Telo isan-jato ?

TI : Ce nom ne renferme exceptionnellement pas d’histoire. C’est tout simplement une question d’humilité. En entamant une carrière musicale, nous n’avons jamais pensé à devenir des stars de la musique malgache, étant donné qu’il y avait des grosses pointures évoluant dans le même style musical que nous à l’époque. Nous l’avons juste fait par passion et par amour, sans se soucier de la célébrité c’est tout. Mais en fin de compte, le message est passé et pour ne pas s’autoproclamer grand artiste, nous avons utilisé le chiffre 3 au lieu de 100. Laissons au public donné son pourcentage !

MM : Quel est le groupe des Boys Band vous ayant le plus inspiré au début de votre carrière ?

TI : Effectivement, il n’y avait pas mal de bons groupes de Boys Band à l’époque notamment Boyzone, Westlife, Back Street Boys et bien d’autres encore. Par contre, nous ne nous sommes jamais inspirés d’eux puisque la plupart de ces formations faisaient du pop, du slow, alors que nous on aimait faire danser. Ce qui  n’enlève en rien notre image de boys band puisqu’à l’époque, ce vent musical a beaucoup soufflé et attiré bon nombre de personnes, aussi nous avons décidé d’y plonger. Par ailleurs, côté vestimentaire et danse, il n’y avait pas mal de ressemblance.

MM : Quelle chanson a fait votre renommée nationale ?

TI : On se souvient tous que plusieurs groupes de boys band étaient aussi célèbres vers l’an 2000. Mais on pense que notre originalité sur le côté texte, thème et danse nous a permis de nous différencier des autres troupes. Comme on l’a évoqué supra, c’est la chanson « Madama anie manjamanja » qui a beaucoup plu aux malgaches. La Grande île était séduite par ce titre qui a fait notre renommée.  A la première écoute, beaucoup disaient que nos chansons sont de pures délires, qu’elles n’ont aucun sens et qu’on parle de n’importe quoi. Pourtant, elles renferment toutes des messages s’adressant à tout le monde par exemple, « Aza miala amin’ny Cox » raconte l’histoire d’une fille mal traitée par ses parents et qui ensuite, est devenue une prostituée.

MM : Quelles sont réellement les problèmes entre les boys band et les rappeurs ?

TI : Effectivement, on a tous entendu cette histoire de conflit entre les rappeurs et le boys band. En réalité, c’était à l’étranger que ce vent soufflait. Les rappeurs ne supportaient pas les boys band et ils nous considéraient comme des ennemis. Pourtant, nous le Telo isan-jato, n’avons jamais eu de problèmes avec qui que ce soit puisque nous ne nous intéressons qu’à la musique. Par exemple, nous avons beaucoup de groupes de Maitres de cérémonies (Mc) qui n’ont rien contre nous, qui sont nos amis. Beaucoup se demanderont pourquoi il n’y avait jamais eu de featuring avec un groupe de rappeur ? Et bien la réponse est simple : nous voulons imposer notre style musical, ce qui ne signifie pas que nous sommes fermés, au contraire, nous sommes ouverts à toute collaboration musicale. Nous appelons même les groupes ayant envie de faire un son ensemble à nous contacter. Pour nous, la musique unit et elle est à nous tous, sans exception.

MM : Si Bm Production ne vous a jamais appelé, auriez-vous quand même signé votre comeback ?

TI : En fait, nous n’avons jamais arrêté la musique. D’ailleurs, nous attendons juste le bon moment pour revenir, même si d’autres formations de notre génération ont déjà décidé de signer leur retour. Comme on l’a dit, nous avons été séparés par la vie, par l’obligation du travail, ce qui a signifié ce silence. En tout cas, nous remercions le manager Haja, responsable de la maison de production Business Music de nous avoir contacté, ce qui a permis au groupe de revenir et de nous donner une occasion de rencontrer de nouveau nos fans, qui, sans doute, ont déjà grandi avec nous.

MM : En parlant de comeback, quelle sensation vous procure le fait de se retrouver de nouveau avec les fans ?

TI : Nous sommes déjà prêts et nous sommes même impatients de revoir avec nos fans. Les répétitions se sont déjà enchainées et on promet un show exceptionnel pour les inconditionnels. Toutes nos chansons seront revisitées sur scène avec bien sûr quelques retouches modernes.  Pour l’occasion, nous serons accompagnés par nos musiciens et qui sait, peut-être que nous serons accompagnés par des danseurs. Le rendez-vous sera pour ce dimanche 24 juillet au Coliseum Antsonjombe.

Tahiana Andrianiaina