Résultats BEPC 2016 – C’est la Grande Braderie !
Pour cet examen, la Capitale a connu un taux de réussite plus élevé que celui de l’année dernière et surtout 20 points de plus que celui du Cepe blanc du mois du juin dernier. En somme, le Men veut convaincre l’opinion que ce tragique résultat est juste un accident de parcours mais aussi et surtout que dans les districts où l’insécurité règne, les élèves n’ont rien à f… des dahalo, des bandits et des gendarmes appelés aussi « vazaha » !
Les résultats sont officiellement pour les élèves, dans 70% des Cisco, ayant passé le Brevet d’Etudes du Premier Cycle ou BEPC pour cette année 2016. Ce fut une réelle délivrance pour tous ceux qui sont concernés, aussi bien les élèves que les parents d’élèves. La région d’Antananarivo a, d’ailleurs, enregistré une hausse, passant de 45.73% en 2015 à 52.83% cette année. Mais grande fût la stupeur lorsqu’on remarque que dans certaines régions, la hausse des résultats du BEPC ont atteint 20%. Une grande première depuis des années, si on considère que le taux varie entre les hausses de résultats ont du mal a dépassé 10%. D’après le Directeur général au sein du ministère de l’Education nationale, Todisoa Andriamampandry, cette hausse est due à l’augmentation et l’amélioration de la qualité de l’enseignement à Madagascar. Cependant, cela paraît impossible dans la mesure où une amélioration se fait par plusieurs étapes, donc sur plusieurs années et le résultat devrait se sentir petit à petit à chaque promotion et non par une hausse subite et très significative à un examen donné. D’ailleurs, si on revient un peu sur les évènements précédents, le ministère de l’Education nationale a été fortement critiqué sur les résultats du Cepe blanc avec un taux de réussite de 32% pour le Cisco Tana-Ville et un résultat tout aussi décevant lors de l’examen officiel. C’est sans doute dans le but de faire taire les polémiques, et prouver que son travail est réellement efficace que le ministère a ouvert les vannes pour ces résultats du BEPC.
Continuellement dans la terreur
Pourtant, la stratégie est plus qu’évidente et l’opinion n’est pas dupe, si on considère qu’un tel écart de niveau entre deux générations pas si éloignées que ça relève du miracle. Effectivement, les régions qui ont enregistré les plus fortes hausses sont les plus fragiles dans tous les domaines à savoir politique, économique, social et surtout sécuritaire. Et bien sûr, les résultats scolaires de nos petits bambins dépendent de la qualité de l’environnement dans lequel ils évoluent mais pas seulement de cette prétendue qualité de l’enseignement. Il est inimaginable que les élèves soient aussi performants quand on pense qu’ils vivent continuellement dans la terreur, la malnutrition et la pauvreté tout au long de l’année. Rien que cet affreux épisode de Beroroha ayant fait plus d’une trentaine de morts peut laisser des séquelles psychologiques pour toute une population. Alors penser que ce sont les enfants même de cette région qui ont les meilleurs résultats, est difficile à concevoir. Rien que le fait de se lever le matin et aller à l’école doit constituer un vrai défi de tous les jours. Et mis à part l’insécurité presque quotidienne, il y a aussi la malnutrition. Quand on sait que Madagascar figure parmi les 5 pays les plus malnutris du monde, on pense immédiatement aux enfants qui en sont victimes. Ces mêmes enfants vont à l’école sans rien dans le ventre et vont affronter ces examens. Ce sont à ces mêmes enfants qu’on fait une déclaration sur leurs niveaux scolaires en sortant de résultats pareils. Il n’y a pas que ceux du Sud qui sont frappés par cette malnutrition et cette pauvreté, les enfants de toutes les régions sont concernées par cette pauvreté endémique à Madagascar. Et prétendre que cette pauvreté n’a aucune incidence sur le niveau scolaire des élèves serait une véritable aberration.
Seheno Kely