Il existe dans l’Administration publique des emplois et des postes qui sont convoités par tous, même les plus ignares dans le domaine. Ces emplois sont juste prisés car ils ont la renommée de pouvoir changer n’importe quelle personne en quelqu’un. De plus, quelqu’un de respectable, de renommé et de riche et ce, en un rien de temps. Etant donné la situation actuelle du pays et la pauvreté qui ne cesse de gagner de plus en plus de foyers, il est tout à fait normal que cet attrait augmente encore. Le métier est un métier dans l’administration des douanes et l’accession se fait par voie de concours. Nous l’avons vu, des milliers de gens se sont précipités cette fois-ci pour pouvoir concourir. Des files d’attente longues de presque un kilomètre et jamais dans l’histoire, nous n’avons vu un tel engouement. Les droits de concours non plus n’étaient pas donnés, ne comptant bien sûr pas les petits pots-de-vin versés ici et là pour rassembler les dossiers nécessaires pour concourir. Il apparait que même au concours, l’administration des douanes rapporte énormément à l’Etat. On se doute que l’engouement que nous avons vu à Antananarivo cette fois était aussi partagé dans les provinces. Des rentrées d’argent que les dirigeants actuels et les dignitaires du régime ne se refuseraient pas. D’ailleurs, ce serait aussi le cas si la douane faisait bien son boulot.

Si l’on parle du Trésor public, des caisses de l’Etat ou des ressources de l’Administration – ce sont les mêmes choses ou presque – les deux piliers qui les soutiennent sont indéniablement l’administration fiscale et l’administration douanière. A eux deux, ces services, selon notre estimation, devraient fournir les 70 à 80% des recettes de l’Etat et des caisses du Trésor public. Il est donc évident que la douane joue à elle seule un rôle majeur dans le fonctionnement d’un Etat, notamment du nôtre. Mais cela à condition, comme nous l’avons dit, que l’administration douanière fasse bien son boulot. Malheureusement, ce n’est pas le cas et on le constate aisément au vu de l’état de nos caisses, vide et sèche comme le Sahara. De plus, on entend souvent que la corruption et le trafic d’influence font des ravages au niveau de celle-ci. Mais ce qui a confirmé plus encore ce que l’on vient de dire, c’est l’organisation du concours de recrutement même de la douane. Tout le monde l’a vu ou en a entendu parler, ça a fait le buzz, pire que cette histoire d’ananas à plusieurs milliers de dollars. Pour récapituler les faits, sans doute oubliés durant le week-end, le concours de recrutement de la douane devait débuter vendredi dernier à 8 heures du matin, heure locale bien sûr. Et les candidats étaient menacés  de disqualification s’ils accusaient un retard de plus de trente minutes, l’appel des candidats ayant été prévu à 7 heures et demi. Or, lorsque les candidats sont entrés dans les salles et les sujets distribués, ils ont été obligés de ressortir et d’attendre 4 heures en plus pour ne commencer que vers midi. La raison en était que certains sujets manquaient de page tandis que certains candidats n’avaient pas eu de sujet car il y en avait très peu. Ainsi, ils étaient pénalisés sans que ce soit de leur faute, car selon les organisateurs, l’imprimante avait lâché. A cause de cela, dans les provinces aussi, le concours a dû être retardé du fait que les candidats de Tana n’ont pas encore commencé. Or, ces derniers ont vu les sujets en entier sans défaut d’imprimante cette fois. Bref, en quelques mots, ce concours n’était pas du tout, très loin de ce que l’on pourrait attendre face à l’importance même des douanes malgaches.

Mais au-delà de cette importance de l’administration douanière, mais pourtant dont la faille a été bien démontrée cette fois-ci, il s’agit de l’Etat même et des tenants du pouvoir actuel. Incapable d’organiser comme il se doit un simple concours et d’imprimer quelques feuilles de papiers ou de veiller à ce qu’une imprimante fonctionne correctement. Les candidats à la fin des épreuves n’ont pas pu se retenir de déclarer que : « on sait déjà qu’une liste des reçus a été établie et que le concours n’est qu’une façade. Mais au moins, ils auraient pu faire comme s’il s’agissait de quelque chose de sérieux. » Ainsi, les candidats ont eu cette impression de « has been » avant l’heure. Avec les milliers voire les millions de candidats qui se sont rués pour concourir aux 280 postes à pourvoir, on s’attendait au moins à ce que l’administration et l’Etat fassent des efforts. Mais comme à l’image même de nos dirigeants actuels et de leurs actions pour un soi-disant développement ou une soi-disant démocratie, on est juste passé du top au flop.

Ny Aina Rahaga