Le groupe des experts nationaux (Gen) a réuni la presse hier dans l’après-midi pour faire en quelque sorte état de la situation des affaires du pays en ce moment mais aussi pour apporter quelques recommandations sinon solutions y afférentes.  Ces derniers ont donc dressé un constat amer pour ce qu’il en est des actes des dirigeants et de ce qu’il en est de ces deux ans de mandat qu’ils ont effectués, sans grande réussite. Pour le Gen, le premier problème réside dans le fait que Madagascar n’est même pas un Etat de Droit comme s’en vante le régime actuel. De nombreuses dispositions de la Constitution ont été violées ou sciemment ignorées par les tenants du pouvoir alors qu’il s’agit là de la Loi Fondamentale, la base même de ce que pourrait être un Etat de Droit, s’il y en avait un. C’est le cas par exemple de la création de la Haute Cour de Justice qui devait être mise en place douze mois après la prise de fonction du président de la République. Pourtant, deux ans après, soit un peu plus de 24 mois déjà, rien n’a été mis en place et aucune volonté concrète de réaliser la chose ne se détecte chez l’exécutif. Cela n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres. De plus, l’insécurité est grandissante et les contestations, les grèves syndicales et les demandes de démission gagnent de plus en plus d’adhérents. Pourtant, elles constituent des preuves irréfutables de la fragilité de l’Etat « laxiste, incompétent, centralisateur à la limite de la dictature mais surtout un Etat de prédation ». Pour le Gen, l’Etat est juste incapable de répondre aux besoins de première nécessité de la population et l’a déjà condamnée à la misère et au désespoir, à la frustration. Ce qui conduira inévitablement à l’implosion de l’Etat mais aussi à de nouveaux troubles sociaux.

Question de responsabilité

Ainsi donc, si de nouveaux troubles ou de nouvelles émeutes éclatent, ce ne seront que le résultat des agissements ou plutôt du non-agissement du régime actuel. Qui de ce fait portera seul la responsabilité du retour dans la crise de Madagascar si jamais cela se passe ainsi. Toutefois, pour éviter d’en arriver à ce stade, les membres du Gen ont émis quelques propositions afin de résoudre pour de bon le mal qui ronge le pays, d’où le thème « défaire pour construire ».  Il n’est pas question de refaire ou de reconstruire mais bien de défaire et de construire, ce qui suppose une chose nouvelle et complètement différente de ce qui est déjà. La solution pour ces derniers se base sur la création ou plutôt la fondation d’une opposition qui n’a pas peur de s’exprimer et de jouer son rôle. Consacré par plusieurs textes et même par l’article 14 de la Constitution, l’existence d’une opposition formelle est cruciale pour la résolution des problèmes du pays. L’opposition contraint en effet le gouvernement à s’expliquer et surtout à rendre des comptes de ses actions à la population. ainsi, le Gen invite tout parti ou groupe de partis politiques ayant des idées divergentes avec le pouvoir actuel à assumer leur rôle d’opposants et de procéder à une déclaration officielle et publique comme le veut l’article 2 de la loi 2011-013 du 9 septembre 2011 portant statut de l’opposition et des partis d’opposition. Mais aussi, il ne faut pas léser la concertation citoyenne qui analysera et adoptera des résolutions impliquant la prise en compte des valeurs démocratiques mais aussi culturelles et morales malgaches. Ce seront les prix pour instaurer une gouvernance au service de l’intérêt général. En somme, il est primordial que chacun prenne sa responsabilité, que ce soit l’Etat, les opposants, la société civile, l’église mais surtout la population.

Régis Kabary