Fermeture de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Andranomena, grand émoi dans le microcosme politique. On a considéré la mesure comme une sanction déguisée. La levée de l’ambiguïté par plus ample information précisant qu’il ne s’agissait là que d’une disposition temporaire jusqu’au 10 Août, n’a pas réussi à dégonfler la tension, au contraire. Les gens se sont révoltés, soulevant nombre d’objections contre le fait que l’on compte Madagascar au nombre des pays dangereux en raison de pratiques terroristes. On oublie vite que les occidentaux éprouvent cette fâcheuse tendance à l’amalgame, et que dans leur obsession de faire une guerre totale pour traquer le terrorisme et tenter de l’éradiquer en le traquant jusque dans ses fondements, ils procèdent à une série d’amalgames, l’extrémisme actuel puise son activisme chez les fondamentalistes islamistes et en empruntant des raccourcis on parvient rapidement à appréhender chez chaque musulman un terroriste en puissance qui sommeille. 
C’est que Madagascar est devenu une terre musulmane. Si la fin du ramadan constitue aux yeux des analystes américains une période de danger, la communauté musulmane répartie en plusieurs communautés raciales pour la pratique semble pourtant jusqu’ici manifester une sage modération à Madagascar. Les populations non musulmanes ne manifestent aucun rejet de ces communautés. Et pourtant le pays risque de perdre cette tranquillité et la communauté nationale ne pourrait alors que s’en prendre à elle-même. Dans le cadre des activités politiques et sociales il n’y a pas de place aux musulmans ainsi que l’on peut le noter. On pourrait rétorquer que l’Etat a fait vœu de laïcité et que la religion ne saurait interférer dans la vie politique. La communauté musulmane ne parvient sûrement pas à réunir autant d’ouailles que les religions chrétiennes, cependant les quelques 1 million cinq cent mille musulmans (évaluation et non recensement) font au moins jeu égal en nombre avec chacune des religions chrétiennes prises séparément. 
La disposition adoptée par les Américains fournit l’opportunité de réfléchir sur la place de l’Islam à Madagascar. Il s’agit de leur reconnaitre une place qui leur revient à titre de regroupement de citoyens, avant que les musulmans du pays ne se sentent exclus de la communauté nationale pour se tourner vers un islamisme radical. L’Islam représente de plus en plus une force non négligeable, et peut-être qu’avec quelques personnes qui le représentent on trouverait plus aisément un juste milieu avec les chrétiens du FFKM pour mieux penser la réconciliation comme voie d’une nouvelle rédemption. Même dans cette hypothèse on aurait pratiqué un ostracisme à l’endroit des animistes qui malgré ce que l’on voudrait faire croire fédèrent toujours quelques millions de citoyens non constitués en tant que force confessionnelle.

Léon Razafitrimo