Crise ou non la vie continue, les préoccupations souvent sont les mêmes, seules diffèrent les difficultés pour régler le problème et les moyens pour atteindre les objectifs. 
Ce n’est pas parce que crise existe que par exemple cesseraient les questions relatives à la maîtrise de l’enfantement (contraception et avortement). Ce n’est pas non plus que la sécurité va à vau-l’eau que les premiers responsables sauraient s’en désintéresser comme si la question ne concernait pas leur responsabilité ou qu’ils pourraient s’en débarrasser par de simples gesticulations spectaculaires. Préoccupées par la bataille politique les plus hautes autorités ont délaissé la vraie gouvernance des affaires publiques et cela a sans doute contribué à la situation actuelle, maintenant que l’on se trouve dans un summum de tension et à la fois à un moment proche du dénouement, on ne se serait pas attendu à ce réflexe d’une sorte d’unité du gouvernement face au problème d’insécurité. 
Il n’est jamais trop tard pour essayer de bien faire. C’est vrai que l’insécurité arrive sur le tapis avec forte brutalité, puisqu’elle se présente en raison d’une agression tapageuse puisqu’elle touche quatre personnes étrangères, alors que quotidiennement elle ne concerne que des personnes discrètes quant à la violence silencieuse dont elles ont été victimes. Tant pis ou tant mieux ! Qui aurait pu prévoir que c’est du ministère du Tourisme que partirait l’initiative aiguillon pour rappeler au gouvernement son rôle et pour introduire au sein du gouvernement l’amorce d’un mouvement solidaire. Le sujet en lui-même ne semble pas très fédérateur, au plus fort des manifestations de violence dans le Sud, on n’a assisté ni à pareille prise de conscience commune, ni à égale volonté d’assumer une responsabilité solidaire. 
La Transition dispose encore de quelques mois pour préparer une belle sortie afin de laisser un souvenir différent de celui qu’une bonne partie de la population lui destine à l’avance. On peut certes lui reprocher bien de choses, seulement l’aggravation de la situation d’insécurité est celle qui a le plus gravé les mémoires, et si dès fois elle parvient ne serait-ce qu’à inverser la tendance en ce domaine, il y a des chances que l’opinion saurait lui en savoir gré au point d’atténuer la gravité ressentie pour d’autres questions.

Léon Razafitrimo