Ce n’est pas Soamahamanina ni Ambohidratrimo mais dans une commune située dans le district de Mananjary, Région Vatovavy Fitovinany, « Tany lavitra Andriana », dit-on. Et pourtant, la population semble cette fois avoir eu gain de cause face à des exploitants chinois.

Il s’agit d’une exploitation aurifère, encore une fois, que la population d’Ambodinato a refusé depuis le tout début. En effet, les habitants de cette localité ont déjà déposé une plainte auprès des autorités locales, ce qui a fait que la gendarmerie avait effectué une descente sur les lieux pour constatation. Mais jusqu’à dimanche, aucune suite n’avait été donné à la population et ces chinois ont pu continuer leurs activités. Cependant, dimanche dernier, les habitants de cette commune ont décidé de manifester pour expulser une bonne fois pour toute les chinois qui selon eux, ne fait que détériorer leur environnement et fouler au pied leurs coutumes. « Depuis leurs installations ici, l’eau devient insalubre. Ce qui entraîne des impacts négatifs pour l’agriculture et l’élevage », avait déclaré l’un des manifestants. Ainsi dit, la totalité des victimes de cette exploitation appuyée par les habitants des communes voisines ont sommé les chinois de quitter les lieux dans les cinq jours qui suivront. Passé ce délai de cinq jours, ils prendront eux-mêmes les mesures nécessaires et adéquates. Selon le maire, « ce délai passé, ils (les habitants – ndlr) ont promis de tout casser ». Face à cela, l’Etat a très vite réagi et a donc décidé hier de suspendre définitivement les activités des chinois. Une mesure d’accompagnement a aussi été décidée par les autorités, à savoir la confiscation des machines qu’ils utilisent pour l’exploitation.

Farce

Il faut croire que les autorités étatiques ne marchent que sous la menace. Il semblerait que les principaux concernés ont choisi la bonne manière d’agir. Car si la population avait donné cinq jours, ils n’en ont pas attendu un seul pour décider la fermeture de l’exploitation ainsi que la confiscation des matériaux utilisés par ces chinois. Or, ces derniers avaient déjà commencé leurs activités depuis le mois de janvier sans que les responsables ne réagissent. Pire encore, il s’avère que ces investisseurs chinois ne disposaient pour leurs activités minières ni un permis minier ni un permis environnemental. Toujours selon un habitant de cette commune « ni le maire ni les autorités traditionnelles n’étaient au courant de l’existence d’un quelconque permis d’exploitation autorisant les étrangers à extraire les ressources minières de la localité ». La pratique des investisseurs chinois à Madagascar semble être la même partout. En effet, les habitants de la commune de Soamahamanina aussi ont dénoncé le fait que la société Jiuxing mines Sarl ne respectait pas du tout l’environnement, pourtant unique au monde, et n’hésitait pas à raser tombeaux, maisons  et rizières selon leurs besoins. A la différence près qu’au moins, cette société avait reçu un permis d’exploitation et un permis environnemental. Aux yeux des observateurs, il ne s’agit là que d’une farce de la part des autorités étatiques. En comparaison aux manifestations pacifiques des propriétaires de Soamahamanina ainsi que de la protestation des habitants d’Ambohidratrimo, ceux de Mananjary allait en finir eux-mêmes avec les chinois. Il importait dans ce cas pour l’Etat de sécuriser les investissements des chinois et de les épargner du mécontentement populaire. Quid alors des réclamations concernant l’exploitation de Soamahamanina qui contient aussi de l’or malgache sur lequel se précipite les chinois.

Régis Kabary