Malgré la suspension de l’exportation de viande de zébu, depuis un peu plus d’un an, des villages, des communes et des régions se plaignent de la recrudescence de l’insécurité centrée surtout sur le vol des zébus. D’ailleurs, il ne se passe pas un jour sans que les médias parlent des razzias des dahalo et les régions de Bongolava, d’Itasy, de Melaky, de Menabe, d’Amoron’i Mania, de Haute-Matsiatra et surtout celles du Grand Sud de Madagascar, à savoir Ihorombe, Androy, Anosy, et Atsimo Andrefana en sont les plus concernées. L’Etat, à travers le ministère de tutelle, a élaboré un nouveau dispositif dans le but de résoudre le problème et propose à ce que les éleveurs créent des coopératives. L’autre objectif est de formaliser le secteur pour mieux contrôler les circuits de vente et d’achat de zébus. L’existence des coopératives permet, en effet, de professionnaliser le secteur et de connaître réellement le nombre exact de la population bovine à Madagascar tout en assurant la traçabilité des zébus. Les coopératives pourraient également faciliter le contrôle de l’abattage de ces animaux et surtout de mobiliser plus de ressources, de manière collective. Bref, tout ceci est dans le but de limiter l’exportation illicite de viande de zébu malgache en sachant que nos principaux clients sont la Chine, les îles de l’Océan Indien et l’Afrique Australe. Selon les informations, la consommation de viande de la Chine sur un mois équivaut à l’abattage de tout le cheptel bovin de Madagascar. Mais évidemment, les revers de la médaille sont aussi nombreux dont notamment le contrôle des avoirs des éleveurs qui ne peuvent plus fructifier leur bénéfice que par cette voie unique de coopérative. Effectivement, l’éleveur ne pourra plus avoir cette faculté d’entreprendre des démarches commerciales auprès des clients grossistes ou des marchés locaux et internationaux. D’un autre côté, les coopératives ont montré ses limites dans notre pays puisqu’il faut savoir que le système est connu des Malgaches, notamment durant la période de la révolution socialiste. Actuellement, très peu des coopératives créées en ces temps-là ont pu survivre jusqu’à maintenant. Rappelons aussi que selon l’Ordre des vétérinaires de Madagascar (Onvm), les zébus malgaches seraient menacés d’extinction d’ici cinq ans, si aucune mesure drastique n’est prise par les autorités dont en premier lieu, l’élaboration d’une politique nationale d’élevage des bovins. En 2015, Madagascar enregistre un cheptel de 9 millions de zébus.

Luc Matthieu