Ces derniers jours, les températures ont chuté brutalement dans la capitale, contrairement au prix du carburant comme voulait le faire croire une chaine télé de la place. D’après certaines personnes, il semblerait qu’on soit proche de la fin de l’hiver, ce qui justifierait cette baisse du thermomètre alors que le temps commençait à se réchauffer un peu.  Parallèlement à cela, et plus seulement dans la capitale, Madagascar tout entier semble avoir été plongé dans le noir, et ce même pendant la journée. Les délestages reprennent de plus belles et durent maintenant des heures, voire des jours pour certaines localités. Sur les réseaux sociaux, les usagers du service ne manquent pas d’imagination pour décrire cette situation : « vu que l’éclipse a été un franc succès, la Jirama a décidé de plonger la grande ile dans l’obscurité, de jour comme de nuit ». Comme excuse partout, la société d’Etat annonce des maintenances par-ci et des entretiens par-là, et on arrive à donner une définition officielle de ce mauvais fonctionnement en disant que le délestage apparait quand la puissance requise par les abonnés est supérieure à la puissance disponible, due au manque de carburant dont dispose la société pour faire fonctionner la centrale thermique.

Cette explication tendrait à blâmer l’usager lui-même du fait qu’il réclamerait donc plus que ce qui en peut être délivré. Pourtant, le fait est que chaque mois, les factures d’électricité reçues par ces derniers deviennent de plus en plus salées. Mais ils s’en acquittent tant bien que mal et remplissent leurs obligations comme ils se doivent de le faire. Les étudiants se plaignent du fait qu’arrivés chez eux, ils n’ont pas de courant, aucune ampoule allumée pour pouvoir travailler et pour certains finir leurs mémoires. Il en va de même pour les commerçants qui voient leurs produits, devant être réfrigérés, pourrir et se perdre de jour en jour. On en arrive à dire que « la Jirama vend de l’obscurité » et c’est bien le cas vu la situation actuelle. D’un autre côté, cet hiver a vu de nombreuses personnes sans abris mourir de froid dans les rues de la capitale. Concernant cette situation, il semble qu’aucune mesure n’a été prise dans ces moments-là par les responsables étatiques, ne serait-ce que pour épargner les plus vulnérables d’entre eux. Il n’y en a pas eu un seul ni deux mais plusieurs qui ont trépassé alors que nos chers gouvernants se pavanaient ici et là, inaugurant ici et là dans des vêtements bien chauds avant de rejoindre leurs sièges chauffants.

Il ne s’agit pas là de blâmer qui que ce soit pour quoi que ce soit, car en effet, chacun sa réussite. Mais si cette réussite est basée sur l’exploitation du peuple, il est de notre devoir de parler. Ainsi, où sont allées ces belles promesses de fin du délestage en quelques mois seulement ? Ou encore du serment de bâtir et développer un nouveau Madagascar dans un temps record ? Tant d’interrogations que l’on pourrait soulever actuellement, en voyant que le pays a été malmené de bout en bout et que le peuple ne sert plus qu’à faire des rentrées d’argent. Car si les factures de la Jirama augmentent en dépit d’un service en dessous du minimum possible, c’est qu’il faut remplir les « caisses de l’Etat » bien évidemment. Et si les services sont réduits au minimum, si les sans abris et même ceux qui ont encore un toit sont laissés à la merci du froid, c’est qu’il s’agit de limiter au maximum les dépenses de l’Etat. Inévitablement, on en arrive à cet amer constat que les malgaches ont été menés puis laissés dans le froid et dans le noir. Ici, on ne parle plus seulement des méfaits commis par une entreprise d’Etat qui par son manquement, accentue l’insécurité et les actes criminels au pays. On parle surtout du fait que les dirigeants malgaches ont abandonné l’ile et ses habitants, les ont laissés à la dérive dans un océan de pauvreté et de misère vaste comme il n’y en a pas deux. Nous parlions d’un constat des plus amers que le pays ait jamais connu depuis ces 56 années d’indépendance. Nous pouvons aussi parler du noir le plus complet au-delà d’une éclipse totale. Voilà où nous en sommes actuellement, et peut être que la chaleur reviendra mais à moins d’un miracle, nous resterons dans le noir et cela pendant un certain temps.

Ny Aina Rahaga