Dans les opérations militaires et surtout lorsqu’il est question d’une mission périlleuse, les tenues de camouflages sont de mise. Le camouflage désigne en quelques mots tout moyen ou dispositif tendant à rendre moins visible ou à donner une apparence trompeuse à un objet ou à un être vivant. Tromper ou rendre moins visible, car la réussite d’une vraie opération militaire réside surtout dans sa discrétion. Une fois encore, il est de rigueur de citer le sage Sun Tzu qui avait déjà compris à son époque cette stratégie. « Quand vous êtes capable, feignez l’incapacité. Quand vous agissez, feignez l’inactivité. Quand vous êtes proche, feignez l’éloignement. Quand vous êtes loin, feignez la proximité ». Il n’est pas rare d’entendre que l’armée malgache n’est pas réellement à la hauteur de sa tâche. Et les évènements de ces derniers mois ne sont pas pour contredire ce constat qui ne peut être qu’accablant. Les attentats du 26 juin dernier sont encore dans les esprits malgré le silence qui a pris place au niveau des dirigeants le lendemain même de l’évènement. Hier encore, nous avons eu une démonstration sans précédent des âneries des forces de l’ordre malgache, reflet aussi du manque de tact dont font preuve les dirigeants, à tous les niveaux.

L’histoire de ce terrain d’Andohatapenaka devrait être inscrite dans les livres d’histoire afin que les générations prochaines sachent à quel point les politiques ne pensent qu’à leurs intérêts en ce moment. D’un côté, malgré l’exil et le rejet de la population qu’ont subi le ou les barons du parti Tiako i Madagasikara, aucun changement dans la manière de fonctionner n’a été décelé chez ces derniers. Un ancien président en déclarant publiquement que ce terrain d’Andohatapenaka y était pour beaucoup dans le fait que la population l’avait chassé du pouvoir semble n’en avoir pourtant pris aucune leçon. D’ailleurs, en étant à la tête de la Commune Urbaine d’Antananarivo, devrait savoir que des procédures doivent être suivies dans toutes actions entreprises. Mais il ne nous appartient guerre de juger qui que ce soit, par contre, il nous incombe de dire ceux qui sont, les faits. De l’autre côté, un ex-président de délégation spéciale qui a occupé des fonctions au sein de la Commune Urbaine d’Antananarivo. Qui plus est ce dernier est doublé du grade de colonel, ce qui n’est pas rien au sein de l’armée, et encore moins lorsqu’on parle de l’armée malagasy. De ce fait, une personne qui devrait connaître sur le bout du doigt les procédures de mise en fourrière et celles pour en faire sortir des véhicules. Mais aussi savoir qu’on ne procède pas à des opérations manu militari de la sorte. D’ailleurs, tenir des discours contradictoires du genre « si vous n’avez pas le droit de nous laisser entrer, nous allons donc maintenant entrer » n’est pas digne d’un tel homme. Seulement parce qu’il a reçu des ordres, ce dernier doit agir ainsi ? En droit, il existe un principe qui permet pour un militaire ou pour un agent public de refuser un ordre qui est manifestement illégal. Lorsqu’un ordre donné à un agent public a pour effet de commettre une infraction, l’agent se retrouve in fine (au final) seul juge de ses actes dont il doit personnellement rendre compte. Il ne peut pas se dégager de sa responsabilité devant les conséquences des actes exécutés en objectant qu’il avait « seulement » obéi aux ordres.

Il est maintenant clair que ni la partie Cua-Tim ni la partie cagoulée ne savent faire dans le discret, ce qui leur aurait évité ce futur jugement de l’histoire. Au-delà du fanatisme dont pourraient faire preuve certaines personnes en donnant tout de suite tort à l’un ou à l’autre, il faut regarder les faits comme ils le sont. « Quand vous êtes capable, feignez l’incapacité. Quand vous agissez, feignez l’inactivité. Quand vous êtes proche, feignez l’éloignement. Quand vous êtes loin, feignez la proximité », disait Sun Tzu. Qui de mieux pour connaître de telles sagesses que des politiques et des militaires ayant fait des années de service et gagné les galons. Mais il semble que le mode camouflage, ils ne connaissent pas. Ils préfèrent faire dans le brutal, le forcing et l’intimidation, chose qui n’a jamais apporté quoi que ce soit de bon. Car au mieux on se fait des ennemis et au pire on déclenche une guerre ouverte. Et on sait à quel point le pays n’a pas besoin de tout ça.

Ny Aina Rahaga