Les formations syndicales soutenues par des hommes politiques et qui sont rassemblées au sein du mouvement Dfp, affirment l’incapacité du régime actuel à résoudre les problèmes sociaux et politiques du pays. Le leader de ce mouvement, Ratolojanahary Maharavo dit Doudou, souligne la nécessité d’une concertation et expose les principes sur lesquels est fondée la nouvelle force d’opposition, la plateforme Mmf ainsi que la vision fédératrice de tous les acteurs en son sein.

Madagascar Matin : Comment décririez-vous le Dfp ?
Ratolojanahary Maharavo dit Doudou : Au départ, le Dfp était une plateforme regroupant  trois mouvements dont l’ «Afo sendikaly », le mouvement pour la liberté d’expression et la commission « Justice et paix » de l’Eglise Catholique. Nous avons comme objectif, de reconstruire le pays face à la pauvreté extrême et aux injustices qui mettent le peuple dans une situation tragique. Actuellement, cette plateforme regroupe plusieurs partis politiques qui partage ce même objectif. Par la suite, une nouvelle plateforme appelée Malagasy mivondrona ho an’ny fanorenana (Mmf) est née. En somme, nous sommes passés par l’Afo sendikaly d’abord, puis le Dfp pour en arriver à la Mmf.

Madagascar Matin : Vous avez dénoncé beaucoup de choses. Avez-vous l’impression d’être écouté par le pouvoir ?
Ratolojanahary Maharavo dit Doudou : Effectivement, j’ai dénoncé beaucoup de choses, à savoir le non-respect des droits de l’homme, la détresse du peuple malgache qui vit toujours dans la pauvreté, les trafics illicites de nos ressources naturelles dont celui du bois de roses. Je pense que chaque citoyen a fait le constat que nos richesses ne profitent pas du tout à nous-mêmes et que nos propres ressources seront épuisés à cause de leur mauvaise gestion. Justement, il est illogique que nos biens paraissent nous maintenir dans la pauvreté puisque nous ne pouvons que les désirer sans pouvoir exploiter nos propres richesses. L’arrivée des étrangers dans le pays ne pose aucun problème mais il est difficile d’imaginer de savoir que plus tard, ils deviennent de plus en plus riches et nous de plus en plus miséreux. J’étais également du côté des groupements des journalistes sur leur lutte pour la liberté de presse, de l’expression et de l’opinion. Et pour répondre à votre question, je pense que le gouvernement nous écoute quelque part, même s’il fait semblant de faire la sourde oreille. D’ailleurs, lors de nos réunions antérieures, les journaux d’Etat étaient toujours présents. Pour notre part, nous n’avons pas non plus le temps de répondre à leur appel puisque nous sommes actuellement occupés à la préparation de la plateforme pour la Mmf, qui devrait être prête d’ici la fin du mois.

Madagascar Matin : Vous avez dernièrement déclaré que votre objectif est de renverser le régime actuel, apparemment vous n’êtes pas vraiment suivi ?
Ratolojanahary Maharavo dit Doudou : Je tiens tout d’abord à préciser que le rassemblement des forces de changement s’effectue dans une optique de « refondation » et non de renversement du pouvoir actuel. On exclut toute forme d’intéressement individuel ou soif de pouvoir, c’est la solidarité et le désir réel de changer les choses et de léguer un héritage de valeurs aux futures générations qui nous préoccupent. Vous n’avez pas complètement tort si vous me dites que nous voudrions apporter des changements au régime actuel puisque notre objectif est de susciter un réveil de chaque citoyen, et qu’attendre 2018 n’est pas une solution. Et pour tout vous dire, nous savions que le peuple malgache nous écoute et nous suit, mais le problème vient des leaders c’est-à dire qu’il y a un désaccord entre les leaders qui œuvrent chacun dès fois dans leur propre direction. Qui plus est, la population s’attend à ce que nous ayons une proposition convaincante pour résoudre les problèmes que traverse le pays.

Madagascar Matin : Vous venez de dire qu’il y a un désaccord entre les leaders. N’entendez-vous pas par là que votre plateforme d’opposition connait un problème de leadership?
Ratolojanahary Maharavo dit Doudou : Je dirais plutôt que notre force d’opposition a rencontré des problèmes de priorités puisque certains  partis politiques parlent tout de suite d’actions tandis que d’autres veulent un programme précis avant de réaliser quelque chose. Les objectifs restent les mêmes mais les approches sont différentes. Et c’est l’une des raisons pour laquelle la Mmf a été fondée afin que nous puissions avoir les mêmes buts et les mêmes points de vue. Notons que celle-ci constitue donc une nouvelle force à prendre en compte sur la scène politique et pourrait devenir prochainement un acteur influent de la vie du pays que le pouvoir en place ne pourra simplement ignorer ni intimider, obligeant ce dernier à respecter réellement les valeurs et les principes démocratiques garant de la résolution de la crise persistante que traverse le pays.