Le départ a bel et bien été donné en ce qui concerne la course à la magistrature suprême, alors que l’échéance n’arrivera encore que dans deux années. Et celui qui ne s’en est pas rendu compte, a déjà accusé un retard certain, sinon devrait tout de suite abandonner car les autres ont déjà pris énormément d’avance. Chacun à leur manière, les grands partis, ou du moins ceux qui ont assez de poids pour prétendre être sérieux, ont entamé leur propagande. Pour ne citer que le parti Arema de Didier Ratsiraka, ce dernier profite de la célébration des 40 ans de son parti pour visiter  les régions, au moins pour un sondage d’opinion et une évaluation de sa force. Pour ce qu’il en est des autres, certains essaient de se regrouper au sein d’une même structure. Comme on dit, l’union fait la force et c’est bien vrai, car à la vue de nombreux leaders de partis présents à chaque réunion de cette structure, on peut se dire que leurs bases électorales vont se regrouper derrière eux, ce qui leur permettra de rafler la mise. Reste à voir si cela tiendra jusqu’au bout car connaissant les coutumes en politique à Madagascar, les scissions ne sont jamais loin, faute d’intérêt trop convergent. Mais actuellement, ce qui retient le plus l’opinion en ce moment, c’est ce duel entre le Tiako i Madagasikara et le régime qui, surement, se présentera pour sa réélection en 2018. Un bras de fer qui sans nul doute finira par perdre l’un ou l’autre des protagonistes.

Toujours chacun à leur manière, ces deux partis qui avaient leurs atouts se sont ruinés petit à petit dans des guerres impossibles et irréfléchies. Tout d’abord, à la tête de la Commune Urbaine d’Antananarivo, le parti de l’ancien président a choisi de se mettre à dos la classe « moyenne » de la capitale en chassant à tout va les marchands ambulants, les taxis-mens et en ce moment, les taxi-be. Et vu sa spécialité qui est de déclarer la guerre à n’importe qui, n’importe quand pour n’importe quoi, ce clan-là ne cesse de jouer avec les nerfs du régime en place, tantôt en étant de son côté, tantôt en le fusillant au pilori. Ce genre de méthodes marchait sans doute du temps de la troisième république alors qu’on ne connaissait pas encore le chef d’entreprise mais actuellement, tout le monde sait la vérité sur l’homme et sa femme. D’un autre coté, le parti au pouvoir a franchement perdu la seule avance qu’il possédait par rapport aux autres. En étant à la tête du pays, ces derniers  ont eu la possibilité de faire des choses que nul autre ne pouvait faire pour gagner le cœur de la population. Rempli de promesses au départ, force est de constater que le parti présidentiel a gâché son joker. La boîte que l’on nous a offerte en décembre 2013 au deuxième tour de l’élection présidentiel en guise de cadeau de Noël  était une boîte vide, creuse et moisie. Après deux années à la tête du pays, le régime a franchement déçu la population malgache qui commence d’ailleurs à le rejeter.

Au moins dans cette histoire, ces deux-là ont en commun, et ce malgré leur soi-disant querelle, le savoir-faire en matière de gaspillage de chance et gain de temps. Car à moins d’être aveugle, on le remarque aisément. D’un côté, le parti de l’ancien président ne dispose pas encore d’une assez forte popularité pour se mesurer aux élections présidentielles. Passées les fanatiques de toujours, personne ne se laissera plus duper par ce dernier ou par son ton et son rôle de personnage offusqué devant la situation malgache. De l’autre, il y a un parti qui n’a pas et n’a jamais eu  de base électorale solide, démuni de tout projet social et tâtonnant dans la conduite des affaires de l’Etat. De plus, paralysé par la peur d’un coup d’Etat qui ne s’est toujours pas passé et usant de la force comme réponse à chaque chose dans ce pays. Aussi comme nous le disions, il est clair que ces deux-là essaient par tous les moyens de gagner du temps en vue de 2018. La leçon à en tirer de tout cela, connais ton ennemi. Mais aussi et surtout connais-toi toi-même. Car si ce n’est pas le cas, on ne serait pas à l’abri de faire les mêmes erreurs et les mêmes stupidités que certains. Malheureusement, cela n’est pas à la portée du premier venu. Loin de nous l’idée de

vouloir juger qui que ce soit, mais cela a été vérifié, au moins ici par deux fois. Connais ton ennemi et connais-toi toi-même.

Ny Aina Rahaga