Que ne raconte-t-on de la société actuelle, les gens abandonnent les repères, délaissent les valeurs et ne se soucient plus même de la politesse ou du simple savoir-vivre. Vrai et faux à la fois. C’est surtout dans des situations boiteuses que l’on peut apprécier le bien-fondé de ces impressions quelquefois justes parfois un tantinet sévères. 
Il faut comprendre la rage d’un cruciverbiste lorsqu’il ne dispose pas des définitions des verticales pour recouper le mot qu’il a trouvé à l’horizontale. Il en est qui trouvent particulièrement leur plaisir à jouer aux mots croisés en s’y prenant à la manière de reconstruire un dessin à partir des éléments d’un puzzle. Quelle frustration lorsque son journal publie des mots croisés sens dessous dessus, et la frustration se fait naturellement fureur quand le journal récidive les jours suivants. Eh bien non ! Dans leur majorité les cruciverbistes semblent se singulariser par la retenue des mots. 
Hier ils étaient particulièrement nombreux à téléphoner, c’est que la boulette faite par le journal dans la rubrique des jeux devait être énorme, autant le dire c’est la répétition des erreurs à quelques jours successifs qui auraient pu faire sortir de leurs gonds les joueurs, heureusement qu’il s’agit de cruciverbistes et de plus lecteurs de Matin. A chaque appel téléphonique on s’attendait à se faire allumer, surprise : il y a eu évidemment une ou deux personnes qui ont incendié le correspondant qu’ils ont eu au téléphone, un taux qui n’est pas excessif pour une vingtaine d’appels. Mais qui sont donc ces personnes ? 
Leur nombre permet de croire que ce ne sont pas des spécimens en voie de disparition. La classe n’est jamais ostentatoire, et les personnes rodées à l’urbanité naturellement savent se faire discrètes, leur qualité ne se fait remarquer que par les personnes de même engeance, d’autres gens racés. 
Les « moi je », ces individus qui ont besoin de le dire pour rappeler aux autres soit leur qualité, soit leur autorité, soit même qu’ils existent, ne sont pas aussi nombreux qu’on le pense, ils jouent des coudes pour occuper l’espace, mais derrière il est des personnes qui malgré leur discrétion ne sont pas aussi transparentes (d’essence volatile) que les machos et les vamps, qui n’ont de raison d’être qu’à vouloir occuper la première place. Seulement ils font de l’ombre aux personnes de valeur et qui ne manquent pas quoi que l’on en dise ou pense, ce phénomène se vérifie particulièrement lorsque l’on observe le personnel politique faire leur show.

Léon Razafitrimo