« La mobilisation n’est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît, au contraire, comme le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. ». Actuellement, tout le monde appelle à la mobilisation des citoyens, pour la cause du pays bien évidemment. Car l’union fait la force et on le sait pertinemment. Dans toutes les manifestations ou dans n’importe quelle déclaration, on n’a de cesse d’appeler le peuple à se mobiliser pour telle ou telle raison, pour tel ou tel but. Une initiative des plus honorables et des plus louables, surtout dans la situation actuelle du pays. On ne rappellera jamais trop que sur les 24 millions de malgaches qui habitent la Grande ile, 92% sont classés pauvres et vivent en dessous du seuil de pauvreté qui n’est pourtant que de 2 dollars américain par jour. La mobilisation n’est pas la guerre, c’est le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. Un honneur et une paix que le pays a perdus, il y a un certain temps déjà. Mais il est impératif de les récupérer, d’où, il est essentiel de se mobiliser, même si à 92%, nous sommes pauvres.

D’ailleurs, chaque citoyen est conscient de la nécessité d’une mobilisation massive en ces temps difficiles, en ces temps où le pays risque de replonger dans les ténèbres des bagarres politiques. Face au cas de Soamahamanina d’il y a deux jours par exemple et de ces violences dont la population paysanne de cette petite commune ont été victimes, chaque citoyen questionné répondait la même chose : « les habitants de Soamahamanina ne doivent point céder et nous les soutenons inconditionnellement ». Cette réponse est encourageante du fait qu’elle démontre que les malgaches sont unis à la cause et contre le fait que des étrangers s’approprient notre terre, celle de nos enfants et par la même occasion de notre or et de tous ce qui nous appartient, que ça ait une valeur ou non -car il n’y a pas que les pierres qui sont précieuses. Idem à l’occasion des manifestations contre le code de communication par exemple. Les journalistes ont appelé à la solidarité et certains ont répondu à l’appel. Les pétitions pour la même intention a jusqu’ici mobilisé un bon nombre de personnes. Car la liberté d’expression n’est pas que celle des journalistes bien évidement. Elle est celle de tout citoyen qui se considère appartenir à la Nation et qui est conscient que sa liberté ne peut et ne doit sous aucun prétexte être aliéner et n’a aucun prix. La mobilisation est le signe qu’on appartient encore à une communauté, peu importe notre rang ou n’importe quelle autre considération sociale. Triste était le sort de celui qui était excommunié par l’église ou celui qui souffrait de la lèpre et qui ne pouvait être avec les autres.

Mais – car il y a toujours un mais dit-on – le moment venu, le problème est qu’il n’y a plus grand monde pour soutenir l’appel. Combien d’entre nous en effet iront soutenir la population de Soamahamanina et cette mère de famille qu’ils ont osé blesser si ces derniers appelaient à une mobilisation, à une réelle action de notre part ? Et combien seraient prêts à contrer concrètement toutes ces dérives du régime actuel. Car de leur côté, à chaque fois qu’il y a une mouche qui vole, ils sont là, prêts à se défendre et en nombre conséquent, mobilisés. Lorsque le moment est venu d’agir ensemble et de rester solidaire, il n’est pas rare de voir ceux qui ont déclaré un soutien inconditionnel absent. « La mobilisation n’est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît, au contraire, comme le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. ». Ainsi, assurer la paix et garder l’honneur, ce n’est pas pour les malgaches, en tout cas, pas pour l’heure. Le but n’est nullement d’attirer foule dans les réunions et autres manifestations dans les rues, ce qui nous est interdit depuis peu. Mais de conscientiser les malgaches que cela est nécessaire et ne doit pas uniquement rester au stade des paroles.

Ny Aina Rahaga