Madagascar, l’île verte devenue l’île rouge il y a de cela quelques années, va d’ici quelques années changer d’appellation encore. Nombreux sont les étrangers qui, en venant dans notre pays, s’extasient devant sa beauté, certains devant la beauté de notre environnement qualifié parfois de « paradis sur terre », d’autres devant la bonté et le chaleureux accueil du peuple malgache et également pour une raison tout à fait différente. Ces derniers voient, en effet, en notre pays un profit incommensurable, des ressources que l’on ne trouverait nulle part ailleurs et une occasion rare de faire du profit sans trop se dépenser. « Madagascar est reconnue pour la richesse de son sous-sol ayant permis le développement à la fois des filières petites mines (artisanales) et grandes mines. Sa géodiversité exceptionnelle répartie sur la majeure partie de l’île, est le fruit d’une longue histoire géologique et à multiples phases. Autant de substances minérales connues et à découvrir dont l’exploitation offrirait à Madagascar d’importantes retombées économiques. » C’est ainsi qu’on décrit Madagascar, l’île au trésor des investisseurs encouragés et appelés par les autorités étatiques à venir à Madagascar. Les dirigeants du pays font des pieds et des mains pour attirer ces étrangers alors que la population sur place crève de faim et vit à presque 95% dans la misère la plus totale.

De nombreux instruments sont déployés afin de rendre la Grande île la plus attractive possible pour les investisseurs dans le secteur minier et pour les industries extractives. Plusieurs sociétés appartenant à des grandes multinationales opèrent actuellement bénéficiant d’un régime incitatif. En effet, la Loi sur les Grands Investissements Miniers donne aux opérateurs miniers, avec un montant d’investissement excédant les 50 milliards Ar, certains avantages non négligeables. Alors que l’Etat cherche à élargir l’assiette fiscale, ces multinationales bénéficient d’exonération temporaire du minimum de perception à l’IBS, de l’application des taux réduits (Ibs, Ircm, Tft, Ifpb), déductions complémentaires en matière d’Ibs, exonération de la TVA à l’importation des matériels, biens et équipements, d’éléments particuliers amortissables, d’abattement sur la base réelle (Tp, Tft). Mais également de franchise des droits de douanes pour l’admission définitive à l’importation des matériels, biens et équipements, d’admission temporaire en suspension des droits et taxes des matériels figurant dans la liste générique de possibilité d’installer un bureau spécial pour les opérations d’importation et d’exportation. Sans parler pour les produits miniers transformés, abattement de 50% sur leur valeur pour le calcul de l’assiette de la redevance minière, de garantie des droits de propriété, de garantie contre l’expropriation ou la nationalisation, de garantie de la libre circulation et commercialisation des produits miniers. Comment ne pas se demander face à tout cela si le pays n’est pas tout simplement soldé aux personnes qui sont juste près à mettre un peu de sous sur, ou sous c’est selon, la table ?

Comme nous le disions donc, l’île verte devenue l’île rouge est en cours de transformation actuellement et ne sera bientôt plus que des carrés miniers que les multinationales se partageront comme l’Afrique du temps de la colonisation. Madagas … carrés miniers, voilà l’avenir de notre pays d’ici peu et peu de perspectives s’offrent au peuple car il s’agit d’un destin déjà tout tracé. Des carrés miniers partout sur les 587.041 kilomètres carrés de surface que fait cette île qui n’est désormais plus la nôtre. Et pourtant, lorsque le peuple malgache, qui a fait la renommée de Madagascar tente de protester contre cette vision nouvelle des tenants du pouvoir afin de protéger notre environnement dont la beauté a traversé les frontières depuis longtemps, et bien avant les quelques richesses que possèdent notre sous-sol, il est maté à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Quel triste sort attend ce pays et ses Hommes ? Madagas … carrés miniers.

Ny Aina Rahaga