Tout au long des années et depuis 1960, ça a été la dégringolade pour notre pays et dans tous les domaines, que ce soit dans l’économie ou dans le social. Mais surtout en ce qui concerne la politique car à ce qu’il paraît, tout est à l’image de la politique dans un pays, et c’est bien vrai. La pauvreté des malgaches n’est que le reflet même des actes des dirigeants, la résultante des politiques inadéquats ou inachevés de ces derniers mais surtout de la gabegie dans la conduite des affaires de l’Etat. Or, plus le temps avance et plus les besoins de la population malgache augmentent, de jour en jour. Partout, on ne parle que de développement en marche à Madagascar, d’une rédemption imminente à la pauvreté pour les années à venir. Jusqu’à l’heure actuelle, il n’en est rien alors et au contraire, on ne voit que régression partout où nos regards se posent. Si l’on faisait un sondage, les malgaches préfèreraient sans doute 2009 à maintenant, à 2002 par rapport à 2009, à 1991 par rapport à 2002, à 1975 et ceux qui vécurent du temps de l’indépendance nous dirons à quel point leur situation de l’époque était 100 fois mieux qu’aujourd’hui.

Indéniablement, lorsque le Franc malgache avait à quelques centimes près la même valeur que le Franc français, la vie à Madagascar était 100 fois mieux. En guise d’illustration, un malgache consommait il y a quelques années encore 160 kilos de riz par an. Pourtant, selon les statistiques, un malgache n’aurait plus droit ou plus précisément ne peut plus se permettre de consommer maintenant que 110 kilos par an. Or, selon toujours les statistiques, à Madagascar, chaque jour, il est nécessaire de nourrir chaque jour 2000 personnes de plus. C’est en effet le taux de croissance démographique net de Madagascar actuellement, la différence entre les naissances et les décès chaque jour. On n’imagine donc pas la quantité de riz nécessaire en plus chaque jour pour nourrir les malgaches. Et alors que la production devrait suivre le nombre de bouche à nourrir, il n’en est rien. Depuis une décennie déjà, Madagascar ne cesse d’importer du riz de l’étranger et la quantité importée chaque année ne cesse d’augmenter. En 2015, Madagascar devait importer environ 200 000 tonnes de riz. Durant 2013, par exemple, l’importation de riz de la Grande île, de janvier à octobre, atteignait 284 000 tonnes.  Il s’agissait d’un record avec un surplus de 80 000 tonnes par rapport aux importations de 2012. Selon les dernières statistiques, en moyenne, un Malgache consomme environ 130kg de riz par an, soit environ 10,8kg par mois ou 360 grammes par jour, contre une consommation annuelle maintenue de 1962 à 1994, de l’ordre de 142.5kg par habitant ou tout simplement un « kapoaka » par jour. Le riz est le principal aliment des malgaches, mais actuellement, il ne l’est plus ou ce sont les Malgaches mêmes qui n’arrivent plus à se permettre d’en acheter. Dans un tout autre domaine, il y aurait donc également plus de 2000 personnes chaque jour qui devraient rejoindre les bancs des écoles, et ce tous niveaux confondus, de la maternelle à l’université. Pourtant, dans ce domaine également, Madagascar stagne dangereusement. En effet, les infrastructures mises en place par l’Etat et même avec l’ouverture de certains établissements privés plus que douteux en ce qui concerne l’éducation ne suffisent guère pour répondre aux besoins du pays. Il n’est donc pas étonnant que l’analphabétisme à Madagascar  touche presque la moitié de la population si ce n’est déjà plus à l’heure où nous parlons.

Ce ne sont là que quelques aspects seulement des problèmes que rencontre le pays et qui font que le développement ne se situe que dans les discours politiques. Car lorsque le président de la République lui-même déclare que le pays a besoin de 20 milliards de dollars pour décoller, le compte est vite fait. Peu importe ce que l’on peut dire ou ce que l’on veut nous faire croire, croire en le développement de Madagascar, ce serait simplement rêver en étant réveillé, en étant inconscient de la réalité qui prévaut dans le pays. Car la seule vérité est que plus ça va, moins ça va.

Ny Aina Rahaga