Tous les jeudis donc à partir de maintenant, les habitants de Soamahamanina auront droit au passage à tabac en règle suivi ensuite d’arrestations. Car depuis que ces derniers réclament le départ des chinois de leurs terres, ils n’ont eu droit qu’à des coups musclés de la part des forces de l’ordre où on recense encore plus de blessés hier et de nouvelles arrestations.

Les habitants de la commune de Soamahamanina ont manifesté jeudi de la semaine dernière suite à l’expiration de l’ultimatum qu’ils avaient donné pour le départ définitive de la société chinoise Jiuxing Mines qui y exploite de l’or. Mais également aux autorités étatiques pour que ces derniers prennent les mesures qui s’imposent face au non-respect de la suspension ordonnée par le gouvernement, il y a un bout de temps déjà. Pourtant, lors de cette manifestation, la population de Soamahamanina a seulement eu en guise de réponse des jets de grenade lacrymogène, des coups de matraques de la part des forces de l’ordre. Depuis ce jour-là également, les leaders du mouvement Vona Fitiavan-tanindrazana, rassemblant  les habitants de la commune qui protestent contre cette exploitation chinoise, à savoir Robson Pierre et Tsihoarana Andrianony, ont été arrêtés et mis en prison. Depuis, les habitants de cette localité n’ont plus eu de nouvelles de leur porte-parole car il semblerait que personne ne pouvait leur rendre visite. Aussi une semaine après, hier donc, les habitants de Soamahamanina ont organisé une nouvelle manifestation  pour protester une fois de plus contre l’exploitation aurifère effectuée par les chinois mais également cette fois-ci pour exiger la libération immédiate des deux leaders de l’association Vona fitiavan-tanindrazana. Malheureusement, les forces de l’ordre et les responsables étatiques campent toujours sur leur position et persistent à répondre aux revendications de la population par la force.

Coups et blessures volontaires

Lors de leur énième manifestation d’hier, les habitants de cette petite commune, en majorité des paysans, ont encore eu droit à des jets de lacrymogène qui ont cette fois eu comme résultats encore plus de blessés. Mais pas seulement car selon les informations recueillies auprès des villageois, les forces de l’ordre ont encore emmené deux personnes de plus parmi eux alors qu’ils réclamaient la libération de leurs leaders. Le Collectif pour la défense des terres malgaches (Tany) a également appelé à la libération de Robson Pierre et de Tsihoarana Andrianony  mais aussi à l’arrêt de toute répression contre le mouvement populaire et à la satisfaction des revendications de la majorité de la population locale. De nombreux autres associations et mouvements ont interpellé les dirigeants concernant ce problème. Or, mis à part les deux leaders de l’association Vona, un autre, parmi la population de Soamahamanina en la personne d’Augustin Andriamananoro, est actuellement recherché pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». A cette liste déjà longue de trois personnes qui n’ont fait rien d’autre que réclamer le départ des exploitants chinois, s’ajoute donc deux autres simples villageois qui ne sont coupables que pour protéger leurs terres. Et qui ont, avec la majorité des habitants de cette commune pour ce même motif, été victimes de coups et blessures volontaires de la part des forces de l’ordre. Malgré l’absence de leaders, les habitants sont déterminés à mettre ces chinois hors de leur « tanindrazana «  et hors d’état de nuire à leur patrimoine. Mais surtout à arrêter les travaux effectués par ces derniers.  Ce n’était nullement le fait que des investisseurs exploitent la mine de Soamahamanina qui posait problème mais seulement que la population n’a pas été consultée alors qu’elle a été dépossédée de ses biens. Maintenant, cette affaire a pris une autre proportion car désormais, il s’agit d’un régime qui n’écoute pas son peuple mais qui en plus le brutalise.

Régis Kabary