Une phrase qui sonne comme le slogan d’une armée vouée à la défaite mais qui refuse de voir la réalité en face et d’accepter de céder la place. Un petit reflet de la réalité politique à Madagascar actuellement car selon les informations reçues ici et là, il y aurait eu un autre coup d’Etat raté dans la nuit de samedi dernier. La troisième fois donc pour cette année seulement et à l’encontre du même régime. Jamais deux sans trois disions-nous au mois de mai alors qu’un deuxième coup d’Etat a été avorté de justesse et que les tenants du pouvoir commençaient à entrer dans la paranoïa en assimilant la moindre manifestation de foule ou la moindre petite réunion de camaraderie ou encore les retrouvailles de gens de la même école. Et depuis, nombreux ont été les victimes de cette paranoïa du régime dont deux sont actuellement recherchés pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Toujours est-il qu’en ce qui concerne la tentative de coup d’Etat de samedi, l’on ne sait pas encore qui était réellement à la manœuvre ni comment cela a pu être évité. De plus, la réunion du président de la République à huis clos avec ses gradés semble confirmer que le jour J à l’heure H, un petit nombre de personnes seulement était au courant de ce qui se tramait. Si ce n’était pas le cas, on aurait déjà assisté à des perquisitions en règle, des traques et des chasses à l’homme et à un certain nombre de manœuvres dont seul ce régime a le secret.

Dans tous les cas, avec trois coups d’Etat au compteur et ce en une seule année, on doit être un régime avec une cote de popularité bien basse pour détenir un record pareil. Dans toute l’histoire de notre beau pays, aucun des régimes qui se sont succédé n’a eu droit à trois coups d’Etat en une seule année. Quoi qu’on dise, que ce soit l’œuvre d’un seul homme ou des opposants ou qui que ce soit d’autre, l’indifférence de la population face à cela témoigne également du désintérêt du peuple face à ce régime. D’un côté, les citoyens se sont désintéressés depuis longtemps des affaires de l’Etat et surtout des agissements du régime. Ce qui a fait que même si celui-ci était au bord du précipice, ces derniers n’agiraient point et le regarderait tomber. La popularité et les réalisations dont se targuent les dirigeants actuels ne se sont pas répercutées au niveau de la population. Au contraire, celle-ci sombre jour après jour dans une misère inimaginable et les politiciens n’ont jamais rien fait pour empêcher cela. Il est donc normal si les 92% de la population vivant dans la pauvreté ne prêtent aucune attention au fait que le régime a failli tomber. Certains se sont même réjouis d’entendre que les tenants du pouvoir ont une troisième fois frôlé la mort. D’un autre côté, un régime qui résiste à trois coups d’Etat successifs en seulement un an semble être un régime fort. A chaque fois dans l’histoire de notre pays, il n’a suffi que d’une seule fois pour que les dirigeants soient renversés et par la suite qu’ils fuient le pays comme de vulgaires voleurs. Pourtant, cette fois, trois fois n’ont pas suffi à déloger ceux-là de leurs sièges si chaud et si doux.

Reste à savoir si cette fois, c’en était vraiment un vrai ou encore une autre invention afin de s’attirer la sympathie de quelques personnes et de calmer les ardeurs de l’opposition. En effet, avec une rumeur de coup d’Etat, les opposants resteront pour un temps silencieux. De peur peut être d’être considérés comme les instigateurs de ce qui vient de se passer ou d’être stigmatisés comme les vrais déstabilisateurs du pays. De plus, certains d’entre eux ont déjà crié haut et fort qu’ils ne s’accorderaient aucun répit jusqu’à ce que le régime tombe. Il semble que la température dans la sphère politique malgache est en train d’atteindre des records et que le pays commence bel et bien à chauffer. Comme mesure, le chef de l’Etat avait déjà décidé de réunir ses gradés à huis clos comme nous l’avons dit. Le mot d’ordre semble clair et net : pas d’abandon, pas de reddition.

Ny Aina Rahaga