Après des mois et des mois de lutte et de manifestations, après l’arrestation de plusieurs de leurs semblables et après avoir essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, les villageois de Soamahamanina ont finalement eu gain de cause. Les chinois de la société Jiuxing Mines Sarl exploitant la mine d’or de ce village à quelques kilomètres de la capitale ont fui les lieux. En effet, la mine était presque déserte à l’arrivée de la presse dans la journée d’hier et seuls des militaires postés sur le site avec quelques caissons  se trouvaient encore sur place. Les chinois contre lesquels protestait la population, ont donc commencé à remballer leurs affaires et les engins utilisés par ces derniers pour l’exploitation ne sont plus sur place. Le bureau de communication de la société situé dans le village a également fermé ses portes et la plaque indiquant qu’il s’agit du bureau des chinois, a été enlevée. Ils sont partis en silence comme des voleurs et la population attend maintenant une officialisation de la part des responsables étatiques concernant la cessation des activités de la société Jiuxing Mines Sarl. Effectivement, les villageois de Soamahamanina craignent qu’il ne s’agisse là que d’une manœuvre afin de tromper l’opinion ou d’un simple repli stratégique. Crainte justifiée car il semblerait que les engins et les matériaux des exploitants se trouvent à quelques bornes seulement de la mine, à la Base aérienne tactique (Batac) d’Arivonimamo. De plus, dans la journée d’hier, le nombre de militaires dépêché à Soamahamanina a été multiplié par trois ou quatre, de peur d’une nouvelle émeute de la population.

Détruit et déserté

Les chinois ont laissé derrière eux un lieu dévasté et un environnement méconnaissable. Selon les villageois, au lieu des 7 hectares de terrain pour lesquels ils ont obtenu une autorisation, les chinois ont déjà défriché, creusé, exploité et rasé 135 hectares à ce jour. Sans avoir planté aucun arbre ni bâti aucune école. De plus, la saison des pluies étant proche, les villageois craignent que leurs rizières ne soient victimes d’avalanches de terres lorsque les pluies commenceront à tomber. Non seulement la localité a été complètement détruite mais elle a aussi été désertée. De leur côté en effet, les villageois ont décidé de dormir dans les champs la nuit de crainte de nouvelles arrestations encore. D’ailleurs, ils réclament la libération immédiate des cinq personnes déjà arrêtés par les forces de  l’ordre dont Robson Pierre et Tsihoarana de l’association « Vona Fitiavan-tanindrazana » et d’un dénommé Hasina qui est encore mineur. Ces derniers ne seront donc pas entièrement sereins qu’une fois que l’Etat proclame officiellement l’arrêt de l’exploitation de Soamahamanina et le retrait des forces de l’ordre de la région. Au final, et malgré ce départ des chinois, cette exploitation n’a rien apporté de bien à la communauté de Soamahamanina, contrairement à ce que l’on a voulu faire croire. Quid alors des autres sites exploités par des investisseurs chinois, dont le nombre ne cesse d’augmenter de jour en jour.

Régis Kabary