Etant classé cinquième parmi les 25 pays les plus pauvres du monde, Madagascar n’est pourtant pas à la ramasse lorsqu’il s’agit de la mondialisation. Cela va des dernières nouveautés technologiques de l’information et de la communication, et celles de la mode, sans compter les autres pratiques socioculturelles des pays occidentaux. C’est le cas du « speed dating ». A l’origine, la pratique a été créée par le rabbin Yaacov Deyo de Aish HaTorah aux Etats-Unis à la fin des années 1990. Celui-ci avait pour objectif de préserver la culture juive en favorisant les mariages intracommunautaires. La méthode s’est depuis propagée aux autres communautés, puis à d’autres pays. Ce n’est pourtant pas une première dans l’histoire de Madagascar. Bien que certains ignorent encore de quoi il en retourne, un évènement de la sorte avait déjà été lancé en 2014. Cette année, « Tacha production » reprend les rennes du « speed dating » et projette également d’en faire un évènement quotidien dans toutes les régions de Madagascar.

A l’origine…

… Les organisateurs commencent par effectuer un premier tri parmi les candidats qui se sont inscrits à ce type de soirée. Le « speed dating » se déroule effectivement d’une manière cadrée et organisée à l’avance. Seuls les candidats retenus seront avertis du lieu et de l’heure précise de l’évènement. Sur place, un grand nombre de célibataires de caractéristiques proches (âges, catégories socioprofessionnelles, revenus, etc.) sont mis en rapport par deux, autour d’une table et éventuellement devant un verre selon une durée prédéterminée. Traditionnellement, un signal sonore est émis pour indiquer la fin de la durée impartie : en faisant sonner une cloche, ou tinter un verre. La conversation peut porter sur n’importe quel sujet en respectant deux règles : aucune coordonnée personnelle ne doit être échangée, et aucun participant ne doit dire à l’autre s’il souhaite le revoir. A l’issue de chaque rendez-vous, les célibataires sont invités, chacun de leur côté, à émettre une appréciation confidentielle sur la personne qu’ils viennent de rencontrer, et à dire s’ils souhaitent la revoir. Au sortir de la soirée, les organisateurs mettent en rapport ceux qui souhaitent se revoir mutuellement. Une manière plus simple de faire fonctionner le jeu est d’asseoir tous les participants à des tables, deux par deux. Au bout d’un certain nombre de minutes, les hommes (par exemple) changent de place et vont à la table suivante. La rencontre fonctionne par un changement rapide des participants. Les promoteurs de cette méthode considèrent qu’elle est adaptée au mode de vie urbain contemporain : anonymat et vitesse. La méthode est considérée comme basée sur la première impression et mue par un souci de rapidité et d’efficacité maximale.

Speed dating version gasy

L’évènement de Tacha production a pris son envol dans l’hôtel « Le Grand Mellis » de la capitale. Pour cela, deux jours avaient été consacrés à l’évènement en question, à savoir le samedi 1er octobre ainsi que le  8 octobre 2016, à partir de 14 heures de l’après-midi. Ces premiers jours du week-end étant les seuls moments pour les travailleurs d’être libres durant la semaine. Le speed dating version malagasy avait été créé sous forme de rencontre sérieuse entre hommes et femmes. Environ 180 personnes s’étaient inscrites au premier jour de l’évènement dont la majorité était exclusivement féminine. Les hommes de la ville d’Antananarivo étant encore un peu réticents à cette nouvelle manière de se procurer une femme.

D’après l’analyse de l’administration de Tacha production, les appels ainsi que les divers messages qu’ils avaient reçus, les hommes habitant dans les provinces de Madagascar ont été les plus intéressés. Par ailleurs, lors de l’évènement qui s’était tenu à l’hôtel Le Grand Mellis, beaucoup avaient procédé à l’inscription en ligne mais n’avaient pas le courage nécessaire de venir assister directement à l’évènement en lui-même. Est-ce la peur que l’évènement ne soit un canular ? Ou plutôt l’habitude de se procurer gratuitement les coups d’un soir dans les boîtes de nuit ? En tout cas, le speed dating du samedi 1er et 8 octobre s’était déroulé sans encombre. De nombreuses célibataires femmes entre 23 à 50 ans étaient arrivées comme convenu, aux côtés de certains célibataires masculins entre 25 et 32 ans. Chacun avait dû remplir une fiche d’identité, et exprimer ses préférences à l’aide d’une case à cocher peu après les discussions. Les responsables de Tacha production avaient effectué un suivi de chaque préférence. Ceux-ci ont directement contacté les intéressés, en leur laissant le libre choix de continuer ou non l’aventure.

Rencontres sérieuses

Contrairement à la méthode originale, le speed dating organisé par Tacha production a été accessible à tous ceux qui ont été capables de débourser 15 000 ariary pour les femmes et 30 000 ariary pour les hommes. D’après les dires du responsable, l’application de tels frais de participation était nécessaire pour garder une certaine valeur et empêcher toute conception vulgaire à l’évènement. C’est d’ailleurs pour cette raison que la principale condition à l’inscription était le statut de célibataire. « Je veux préciser que nous ne vendons, ni n’achetons personne. Au contraire, mon but est d’aider chacun à trouver son âme sœur », avait précisé Tahinasoa Zahara Chaffi, la responsable de Tacha Production, conceptrice de cet évènement. En effet, tout le monde a le droit de vouloir être heureux, et, plus est, d’être amoureux. Chaque personne qui s’était rendue au speed dating devait donc impérativement apporter une photocopie de sa carte d’identité nationale, ou de son passeport pour les étrangers, afin de prouver son statut de célibataire. Au cours des prochains évènements de speed dating, qui sont en cours de réalisation, un certificat légal de célibat sera cette fois exigé. Il est clair que certaines personnes mariées pourraient voir dans cet évènement un moyen de se procurer un ou une amant(e).

Désir de changer les choses

Le speed dating ou rencontre rapide est un réel challenge que Tacha production se veut d’accomplir depuis sa création, il y a deux années de cela. Un objectif simple stimule cet évènement : diminuer le nombre de personnes qui cherchent leur partenaire dans les boîtes de nuit, tout en permettant à chacun de trouver le partenaire idéal. Ce qui n’est pourtant pas chose facile. En effet, en tant que pays oriental, les mœurs et coutumes malgaches auront toujours le dessus sur toutes les nouveautés engendrées et propagées par les pays occidentaux. L’idée de trouver une femme ou un mari de cette manière semble ainsi honteuse, voire incorrecte pour certains. Toutefois, d’après les dires de Tacha production, bon nombre de personnes se trouvant dans les provinces de Madagascar attendent impatiemment la venue de cet évènement dans leurs villes. Comme par exemple Tuléar, Diégo, Majunga, Fianarantsoa. Cette boîte, évoluant dans différents types d’évènements, dans l’aide humanitaire et le mannequinat, désire non seulement créer des besoins à tout le monde, mais également de permettre à chacun de s’ouvrir un peu plus l’esprit afin d’être plus réceptif aux plus belles choses de la vie. Habitants de Tamatave, ne ratez donc pas le prochain « speed dating » de Tacha production qui sera bientôt à votre disposition.

Athanase