Trois jours après la découverte d’un charnier sur la plage de Sambava, aucune autorité, ni locale ni venant de la Capitale, n’est venue faire un quelconque constat. Evidemment, aucune enquête n’a démarré.
Apparemment, cette découverte faite par des chercheurs de sable sur la plage d’Ampandrozonana laisse de marbre les responsables étatiques, à commencer par les forces de l’ordre. Selon nos sources, aucun médecin légiste, envoyé par la commune urbaine de Sambava ou par la préfecture, le district, la région de la Sava mais aussi par les autorités centrales, n’aurait fait le déplacement sur ce site où, il y a peu de temps, un baleineau a échoué. En un mot, rien n’a bougé tandis que les restes humains sont laissés à l’air libre et ainsi, personne ne s’en occupe si les chercheurs de sable continuent leur travail comme si de rien n’est. Pour la population de Sambava, c’est tout simplement choquant et d’ailleurs, la fréquentation de cette plage est devenue quasi-nulle depuis mercredi dernier. Ailleurs, dans les autres pays du monde, les gens accourent pour constater de visu un tel phénomène et les autorités concernées essaient de travailler vite pour essayer d’éclaircir le mystère dans les meilleurs délais.
A notre connaissance, c’est bien le premier charnier découvert dans le pays depuis son indépendance en 1960 et selon les habitants de Sambava, il pourrait s’agir de restes de personnes portées disparues durant l’événement de 2002.

Le chemin de l’exil
Effectivement, la milice de Marc Ravalomanana, le « vainqueur » de la présidentielle de cette année-là,  a singulièrement montré sa férocité et sa cruauté dans les provinces, notamment après la dure bataille d’Ambilomagodro, dans le nord du pays. Les « zana-dambo » composés essentiellement d’anciens militaires et de certains civils habillés en forces de l’ordre ont frappé durement dans cette partie de l’île mais aussi dans les autres régions, et notamment dans la province de Toamasina qui était le fief de l’Amiral rouge. Du coup, beaucoup se rappellent aussi de l’autre bataille d’Andohanatady ainsi que des militaires de l’Ensoa tués à l’entrée de la ville de Fianarantsoa.  Par la suite, de très nombreux membres des forces de l’ordre dont des officiers généraux, ont été envoyés en prison si d’autres ont  préféré prendre le maquis ou le chemin de l’exil.
En tout cas, aucun autre affrontement nécessitant l’utilisation massive d’armes de guerre n’a été constaté lors des événements de 2009, sauf bien sûr, la tuerie du 07 février de la même année aux abords du Palais d’Etat d’Ambohitsorohitra. Pour les habitants de la ville de Sambava, ces corps retrouvés dans ce charnier ne pourraient être que ceux des victimes de la crise de 2002.

Vladimir Illitch