Soamahamanina – Le jeudi de la libération
Décidément, même après le départ des exploitants chinois de la société Jiuxing Mines Sarl des collines de Soamahamanina, on mène la vie dure à la population de cette petite commune à l’ouest de la capitale.
Avant le départ des chinois, cinq des villageois qui ont participé aux manifestations de Soamahamanina, ont été arrêtés par les forces de l’ordre dont Robson Pierre, le leader de l’association « Vona Fitiavan-tanindrazana », le porte-parole de l’association dénommé Tsihoarana et une autre personne encore mineure. Depuis, la population est restée sans nouvelle de ces cinq personnes et les dirigeants ont interdit toute visite à leurs endroits. Arrêtés, il y a un peu plus d’un mois déjà, ces deux leaders n’ont pas encore été devant le juge. Ceci alors qu’à l’époque, la Cour Suprême s’était empressée de dessaisir la juridiction de Miarinarivo de l’affaire pour la transférer à celle d’Antananarivo. Notons que quatre chefs d’inculpation sont retenues contre les deux leaders de l’association dont
« atteinte à la sûreté intérieure de l’État, conduite d’une manifestation sans autorisation, destruction de biens communs ». Face à cela, et après maintes et maintes demandes de considération auprès des autorités étatiques sans grand résultat, les habitants de Soamahamanina ont décidé de reprendre les manifestations ce jeudi. Cette fois, il ne s’agira plus du départ des chinois mais bien du retour des malgaches sur leurs terres et la population est bien déterminée à faire de ce jour, le jeudi de la libération.
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Le fait est que ces cinq personnes qui ont été emprisonnées, suite aux manifestations de Soamahamanina, devaient être jugées la semaine suivant leurs arrestations. Sauf qu’il n’en est rien jusqu’à l’heure actuelle et leurs familles ainsi que les villageois en ont plus qu’assez d’attendre après les tenants du pouvoir. Aussi, ces derniers ont appelé tous les villages environnants afin qu’ils se joignent à eux pour ce « jeudi de la libération ». De plus, la frustration de ces derniers semble être à son summum après que des dignitaires du pouvoir les aient accusés de bruler la forêt de Tapia, la même qu’ils protégeaient contre l’exploitation aurifère chinoise qui, d’ailleurs, en a déjà détruit une grande partie. Par rapport à cela, il est très prévisible que les forces de l’ordre soient encore une fois mobilisées pour mater, comme il se doit, ces villageois dépouillés de leurs terres et de leurs biens. Aussi, les quelques 1 500 éléments mobilisés lors du sommet de la Comesa, il y a une semaine de cela, seront surement nécessaire afin de mettre hors d’état de nuire Soamahamanina et les villages aux alentours qui prévoient se joindre à la lutte pour la libération des cinq prisonniers. Les six blindés également devront sûrement être dépêchés sur place, malgré qu’ils soient des consommateurs de carburants nés. Les tenants du pouvoir devraient prendre en compte ces recommandations car ce jeudi de la libération pourrait être le début de nombreux autres dans le pays.
Régis Kabary