Marché de la musique – Les artistes malgaches ignorés au niveau international
On assiste actuellement dans la Grande Ile, à un vivier florissant d’artistes, de talents artistiques et techniques en matière de création d’œuvres musicales. Malheureusement, plusieurs facteurs minent ce secteur qui continue d’être marqué à Madagascar par d’énormes difficultés. En effet, le secteur de la musique se caractérise par un marché déséquilibré et sous structuré avec la faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs, à laquelle vient s’ajouter l’inexistence du circuit de distribution. On peut y noter également l’insuffisance de producteurs qualifiés, le manque de capacité logistique pour assurer les activités du marketing, de distribution et de vente, et bien d’autres encore.
Dans la Capitale par exemple, le coût d’enregistrement s’élève généralement à 90 000 ariary par chanson. Quant aux frais de tournage de clip vidéo de qualité acceptable, il se fixe dans la plupart des cas à 400 000 ariary sans la main d’œuvre. Ce budget ne comprend pas d’autres dépenses occasionnées par la duplication, le mastering et toutes les autres charges de promotion, de diffusion et de distribution de l’album. La conséquence est évidente : les œuvres de la production nationale sont très peu compétitives. Dans ce contexte, les œuvres locales produites par les artistes de la place ne peuvent que s’écouler à peine, car très peu sollicitées par le public consommateur qui préfère naturellement dépenser peu pour s’approprier d’un produit de qualité satisfaisante. Logiquement il se dégage de cette analyse que suite au manque de compétitivité des œuvres des artistes malgaches sur le marché du disque, la garantie de rentabilité s’en trouve également sérieusement affectée.
« La Grande Ile dispose d’une diversité musicale surprenante. C’est un atout mais peut également être une faiblesse pour les artistes nationaux car les organisateurs se demandent souvent ce qu’est vraiment la musique malgache. Sans parler du coup du frais d’avion pour transporter les artistes malgaches à l’étranger qui sont toujours un grand problème. C’est pour cela que nos artistes sont toujours ignorés par les organisateurs de festival ou autres manifestations internationales », explique Rajery, un habitué de tournée internationale. Selon lui, il manque également du professionnalisme : « Nous devons connaitre d’abord le milieu avant de percer ailleurs. Il y a plusieurs tactiques qu’il faut apprendre comme la ponctualité, la maîtrise des instruments et la diligence », selon un observateur.
Tahiana Andrianiaina