Les décisions doivent être prises tout en sachant que cela influencera l’avenir. La décision est le fait d’un acteur ou d’un ensemble plus ou moins cohérent d’acteurs qui effectuent un choix entre plusieurs solutions susceptibles de résoudre le problème ou la situation auquel il est confronté. D’une manière générale, la décision est l’action de l’esprit qui décide quelque chose ou se décide après délibération individuelle ou collective. La décision peut également désigner une disposition de l’esprit : l’esprit de décision est la qualité d’une personne qui sait rapidement prendre parti et ne revient pas sans motif valable sur ce qu’elle a décidé. Ce peut être aussi la fermeté de caractère d’une personne qui sait prendre et assumer des choix difficiles. La décision doit être imaginée comme étant le fait de maximiser ou de minimiser une fonction objective dans le respect d’une série de contraintes.

Les acteurs, ici, sont les tenants du pouvoir qui prennent des décisions pour le pays et l’ensemble de la population malgache. Les paramètres sont nombreux mais il nous semble utile d’en énumérer quelques-uns. En premier, le fait que 92% des malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté et que presque 50% de nos compatriotes ne savent ni lire ni écrire. Ensuite, l’économie de notre pays tourne depuis trop longtemps au ralenti et ce deuxième paramètre est lié de près au premier. Enfin, la scolarisation des enfants malgaches pose un problème assez conséquent aux parents et pour le peu que ces enfants étudient, le pays devrait s’en estimer chanceux. Nelson Mandela avait souligné maintes et maintes fois que « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde »  et rien n’est plus vrai que cela. Mais rien de cela n’a été compris par les tenants du pouvoir actuel et quelques exemples concrets le démontrent.

Bon nombre de malgaches, sinon la totalité, s’attendait à ce que le régime fasse du 31 octobre prochain une journée de pont. En effet, ce serait logique car ce lundi tombe entre le week-end et un jour férié. Mais jusqu’ici, et selon les bruits de couloir, il semblerait que ce ne sera pas le cas. On pouvait s’y attendre du fait que rarement, sinon jamais, le régime n’a accordé un jour de répit à la population malgache depuis ces deux ans et demi qu’il est aux commandes. Cela pourrait se justifier si au moins l’économie du pays accusait une perte conséquente dans le cas où on déclare un jour comme ce lundi pont. Mais c’est loin d’être le cas car même si on travaille, les 92% des malgaches auront toujours à la fin de la journée moins de 2 dollars en poche. Et près de 50% d’entre nous seraient toujours illettrés. Au moins, ces gens qui s’efforcent chaque jour d’arriver à terminer la journée auraient pu s’octroyer une pause, un répit.

L’incohérence la voici : alors que nous tous irons à nos occupations lundi, il semblerait que pour tout le temps que durera le 16^ème sommet de la Francophonie qui se déroulera à Madagascar, le régime aurait décidé qu’il n’y aurait tout simplement pas école. Ce sommet va durer deux jours et tous les enfants malgaches, du moins ceux de la capitale, n’iront pas apprendre et mettront en suspens leur avenir le temps que des étrangers ayant en commun la langue française finissent de se réunir et de dépenser l’argent du contribuable malgache.

Ce n’est pas tant le fait de travailler ou non qui nous révolte, loin de là. Mais l’incohérence et l’incapacité des dirigeants à voir ce qui est important ou non, à voir cela, dépasse l’entendement. Demander ou carrément ordonner aux parents de ne pas envoyer leurs enfants à l’école pour éviter des bouchons lors de ce sommet et pourtant choisir de ne pas laisser aux malgaches un lundi de repos, tout le monde peut juger de lui-même la situation. L’on ne peut qu’imaginer tout simplement que les tenants du pouvoir organisent l’agenda du pays comme il leur sied. Economie ou pas, avenir ou pas, illettrés ou pas, il en sera selon vos plaisirs majesté, semble dire le pauvre malgache.

Ny Aina Rahaga