La vindicte populaire ne connaît plus aucune limite et pour faire revenir la confiance de la population en la Justice, il faudra maintenant trouver de nouvelles stratégies. A cette allure, la peine capitale va se substituer à celles prononcées par les juges puisqu’il n’y aura pas de demi-mesure !

Les cas qui pourraient provoquer la colère de la population, et par conséquent la vindicte populaire, sont nombreux : accident routier provoquant la mort d’un ou de plusieurs piétons, vol, viol, rapt, enlèvement d’enfant, attaque à main armée,  sorcellerie, décision politique, délestage, et entre autres, attaques de dahalo dans le milieu rural. Et c’est cette dernière raison qui a provoqué la mort de 11 dahalo dans la commune rurale d’Anosiarivo Manapa, district de Betafo qui se trouve à 22 km seulement de la ville d’Antsirabe, la capitale de la région de Vakinankaratra. 34 dahalo ont mené une attaque dans le but de voler des zébus mais mal leur en a pris puisque le fokonolona a opposé une farouche résistance. Finalement, la situation s’est renversée et 11 dahalo ont été pris vivants. Ces derniers ont payé cet assaut de leurs vies puisque les habitants les ont brûlés vifs, sans aucune autre forme de procès. Le presque même cas s’est aussi produit dans la commune de Masoarivo dans le district d’Antsalova de la région classée « zone rouge » de Melaky. L’affrontement « mano a mano » entre un gendarme et un dahalo a, dans un premier tour, tourné en faveur du dernier et l’arme de service du membre des forces de l’ordre, un fusil d’assaut kalachnikov, a changé de main. Apparemment, un dahalo est donc plus fort qu’un gendarme lors d’un combat « corps à corps ». Seulement, le bandit a été trahi par son inexpérience puisqu’il n’a pas su débloquer la sécurité de l’arme afin de pouvoir tirer. Et c’est le fokonolona qui s’est mis à enlever le fusil d’assaut des mains du dahalo. Très en colère à la suite de cette … « fâcheuse » situation, le gendarme a tué son ennemi en lui tirant une balle, selon nos sources.

Tellement frustrée

Ce membre des forces de l’ordre n’avait pas donc besoin d’attendre une quelconque action de la Justice alors que lui-même, il avait du mal à protéger sa vie et son matériel de service.

Rappelons aussi qu’à la fin de la semaine dernière, une femme est passée de vie à trépas par, cette fois-ci, la vindicte populaire après avoir jeté de la viande de porc dans un « doany » à Mananjary, dans la région de Vatovavy Fitovinany. Il y a quelques semaines aussi, la décision du tribunal de changer le maire d’une commune dans la région d’Atsinanana, a fait monter la colère de la population. Bilan : des morts ont été recensés ! Et pas plus tard qu’hier, le décès d’une vieille dame de 64 ans à Mahitsy, et ce, par accident routier, a failli tourner au drame pour le chauffeur du véhicule et son aide. Effectivement, la population locale les recherchait activement afin de régler définitivement leur compte.

En somme, la vindicte populaire est devenue la mode de gouvernance d’une population tellement frustrée par l’extrême pauvreté et stressée par la pression de la recherche de sa pitance quotidienne. D’un autre côté, le peuple n’a vraiment plus confiance en la Justice malgache d’autant que des cas flagrants de corruption sont constatés chaque jour : des propriétaires de troupeau de zébus en prison alors que les dahalo obtiennent la liberté provisoire et repartent à l’assaut d’autres villages, des violeurs et voleurs récidivistes à plusieurs reprises vivant tranquillement au sein de la société, des kidnappeurs en totale liberté, et entre autres, des candidats battus à l’élection qui deviennent subitement des maires. Pire, la situation ne changera pas de sitôt puisque, dit-on, l’exemple vient d’en haut !

Vladimir Illitch.