Une fois encore un énième blocage menace. La marche du pays vers un destin depuis longtemps ballotté au gré des évènements se trouve à une nouvelle croisée de chemins. Dans un sens le compte à rebours a commencé dans la perspective d’arriver au point zéro fixé au 8 Mai de l’année 2013, dans un autre sens on n’a d’objectif que de remettre les pendules à l’heure, l’instant présent étant la borne zéro pour un vrai départ.
Le simple citoyen ne parvenant pas toujours à s’expliquer comment et pourquoi on en est arrivé là, perd complètement la signification des choses. Comme tout le monde, chacun avait comme une sorte d’intuition que la Feuille de Route n’est qu’un pis-aller, et la manière comment on l’a malmenée dans son application n’a fait que confirmer l’intuition de départ. Pis-aller sûrement, mais elle reste la seule de toutes les fausses solutions à permettre d’espérer de sortir de l’impasse dans laquelle on s’enlise depuis plus qu’il n’est raisonnable.
Et vlan ! Un autre discours très musclé vient semer d’abord le doute un doute qui risque de jeter un désordre sur un ordre un peu brouillon peut-être mais établi même sans être assuré d’être tout à fait stable. Il ne s’agit ni de fermer les yeux ni de se boucher les oreilles, si mal il y a, le mal est fait, la population a entendu et une partie pourrait se laisser séduire par ce nouveau chant de sirène. L’appel n’a pourtant rien de séduisant en lui-même, la construction qu’il propose pose ses fondements dans les ruines suite à une destruction de ce qui a été. Les initiateurs de cet appel savent bien qu’ils prêchent en terre de mission. Les prophètes ou faux prophètes trouvent terrain meuble dans une population en déshérence. De nombreux signes tendent à faire penser actuellement à une perte de confiance en l’Etat. Tous les parleurs ont des chances de trouver des auditeurs. Les gens écoutent avec scepticisme mais le fait qu’ils prêtent ne serait-ce qu’une oreille permet de croire qu’ils restent en attente voire en quête de l’apparition peut-être plus d’une idée que d’un homme pour y accrocher une nouvelle confiance. 
L’enjeu reste peut-être le même pour les hommes politiques, mais il est possible que les règles du jeu aient glissé sur d’autres valeurs. La population a suffisamment donné en ce domaine qu’elle ne manifeste plus de penchant à croire en de nouveaux messies. Elle n’a que trop manifesté son désir et sa volonté pour un Changement, qu’elle est prête à donner crédit à toute nouvelle idée, même celle qu’elle a rejetée avec véhémence dans le passé.
C’est vrai que la mobilisation d’importants fonds financiers aura un rôle majeur lors des prochaines campagnes électorales, mais ceux qui se préparent à investir dans le superficiel, actions dites sociales, distributions de tee-shirts et autres gadgets ou de denrées de première nécessité, vont certes obtenir la reconnaissance des bénéficiaires mais peut-être pas en conséquence de ce qu’ils espèrent dans les urnes. Même les bilans des actions lors du passage au pouvoir risquent de ne pas suffire pour convaincre. Après tant d’expériences de désillusion il est possible que le public ait appris à donner plus de crédit au langage de vérité qui parle plus des efforts qu’aux promesses qui ne l’ont  nourri que de rêves sans leur permettre de subvenir à leurs besoins. Après tous les déboires que la population a subis l’électorat a pris de la graine pour savoir détecter dans l’éphémère le mépris qui le considère vulgaire.

Léon Razafitrimo