« Bien des gens acceptent de faire de grandes choses. Peu se contentent de faire de petites choses au quotidien »,  a fait remarquer Mère Theresa. Plus le début du 16^ème sommet de la Francophonie approche, plus le régime s’active à « embellir » la ville des mille. On le remarque partout où on va maintenant, dans les moindres recoins de la ville. Depuis, le moindre gazon qui dépasse dans les jardins publiques jusqu’à un nettoyage intégral du tunnel d’Ambohidahy. Ce qui témoigne de la grande chose que sera ce sommet pour les tenants du pouvoir et pourquoi pas pour Antananarivo ? Les efforts mis en œuvre dans ce cadre ne sont pas non plus de petites choses car rien qu’à vue d’œil, la capitale de Madagascar semble s’être refait une beauté. Comme une jeune demoiselle prête à séduire ses prétendants, le maquillage et la coiffure doivent être parfaits. En ce qui concerne les parures, ce n’est pas ce qui manque. Rien n’est laissé au hasard pour rendre la capitale au goût de ces invités, au goût de tous car qui n’aime pas les jolies choses bien entretenues. Ce sont là de grandes choses de faites.

« Bien des gens acceptent de faire de grandes choses. Peu se contentent de faire de petites choses au quotidien ». C’est bien le cas de le dire et vu les moyens déployés par l’Etat afin de rendre potable la vie des malgaches lors du passage des quelques chefs d’Etat de la Francophonie. En passant par la montée vers Ambohidahy, avant d’entrer dans le tunnel recoloré en blanc et purifié au maximum possible des affiches qui étaient collées dans ce tunnel depuis des lustres, les habitants de la capitale remarqueront que même l’ancien bâtiment de la cour des comptes et de la cour suprême revêt une nouvelle couleur. Un bâtiment qui, à notre connaissance n’a plus ouvert ses portes depuis bien longtemps, a donc bénéficié d’un coup de peinture. Mais ce n’est pas seulement à cet endroit qu’on remarquera ces changements. Si l’on y prête un peu attention, nous verrons ces grandes choses que le régime fait en ce moment pour pouvoir s’en targuer plus tard, dans un peu plus d’un an à partir d’aujourd’hui.

Le problème n’est pas tant le fait que l’on veuille faire bonne impression pour la seconde ou la troisième fois. Deux ou troisième fois car il y a eu la visite du futur ancien secrétaire des Nations Unies pour sa tournée d’adieu, puis le sommet du Comesa et si le compte y est, ce sera donc la troisième fois que le régime veut faire voir l’apparence au lieu de la réalité. Car si la décision d’interdire la circulation des scooters, des pousses et des charrettes durant une semaine a été prise, c’est que la réalité malgache fait honte. Ce ne sont en effet là que les reflets de la misère d’une population délaissée par ses dirigeants qui préfèrent montrer pour une semaine une ville propre grâce au forcing et à coup de décret, une population cachée derrière des façades bien colorées et des tunnels bien nettoyés. Tout cela au lieu de réellement s’user et se fatiguer à la tâche de rendre un peu de sa dignité à la population dont ils sont responsables.

Au lieu de dépenser l’argent du contribuable en peinture et en tondeuse à gazon, l’Etat pourrait se tourner vers l’essentiel et utiliser cet argent à bon escient. Il ne s’agit surement que d’une goutte d’eau dans les montagnes de dépenses utiles pour la francophonie. Mais une goutte d’eau qui pourrait servir à créer des emplois ne serait-ce que pour une semaine. Des emplois qui pourraient subvenir aux besoins de toutes ces personnes dans la capitale qui dépendent de leurs pousses et de leurs charrettes. On pourrait disserter un long moment sur ce sujet mais à la vue de ces choses là, l’heure ne semble plus être à la discussion. Car le 16^ème sommet approche à grand pas et le régime tente de tout faire pour sauver … sa face.  « Bien des gens acceptent de faire de grandes choses. Peu se contentent de faire de petites choses au quotidien ».  Ils sont entrain de faire de grandes choses dans ce pays, mais en fait, ce pays manque cruellement de ces emplois stables et décents, de ces moments sans délestage, de ces nuits de tranquillité sans bandits à la porte, de ces petits riens.

Ny Aina Rahaga