On aura cherché durant des heures, des jours et des semaines sans trouver la loi qui permet aux agents de la police communale de tabasser les marchands lors de leurs interventions dans les rues de la capitale. Hier du côté d’Analakely, dans le marché d’Anjomakely, bon nombre des passants et ceux qui faisaient leurs emplettes sont restés sans voix face à la scène. La police municipale, à bord de sa légendaire Mazda bleu, est apparue du côté d’Ambodifilao. Certains éléments ont tout de suite sauté du véhicule afin de courir après les marchands de rues qui, eux bien évidemment, prenaient la fuite en entrant dans le marché d’Anjomakely. Après une fraction de seconde, ils en sortaient en courant. Pourquoi ? La police communale leur avait tendu une embuscade car d’autres éléments attendaient en fait les marchands de l’autre côté. Dans la bousculade, certains sont tombés par terre et ont tout de suite reçu des coups de poing, des coups dans le dos ou encore des coups de torche électrique. Après quoi les éléments de la police municipale ont pris des montres, des tee-shirts, des pantalons et bien d’autres articles encore.

Pour rappel, l’objectif de ces agissements des policiers municipaux est l’assainissement des rues de la capitale des vendeurs à la sauvette et ceux des trottoirs. Pourtant, force est de constater que depuis l’accession du nouveau maire à l’Hôtel de Ville, la situation n’a pas changé d’un poil et a même empiré. Et ce, malgré le fait que la méthode « tabassage et ramassage » soit celle privilégiée par l’Hôtel de Ville. Auparavant, l’on se rappelle du temps de l’ancien président de la délégation spéciale, il existait la police des marchés qui était chargée de veiller à ce que les marchands n’envahissent pas les trottoirs de la ville. Et malgré quelques débuts de ramassage de marchandises, exceptionnellement, le recours à la force était interdit et frapper des personnes à terre est une attitude indigne. Les précédents incidents qui ont fait jaser l’opinion n’ont point suffi à la Commune urbaine d’Antananarivo pour remettre ses troupes dans le droit chemin. Pourtant, l’Hôtel de Ville avait, un soir, fini encerclé par l’armée et pour cause, les éléments de la police communale avaient passé à tabac un sous-officier en tenue civile ainsi que sa femme enceinte. Avant de les retenir à Analakely jusqu’à tard dans la nuit, après que des Généraux de l’armée sont intervenus. Pas plus tard qu’il y a deux jours, un jeune homme a été mis K.O, et même inconscient après le passage des éléments de la police communale. Et le pire de tout, une vieille dame avait fini à la morgue, bousculée par ces derniers. Bien évidemment, la police communale n’a jamais reconnu son tort  et s’est même vu, à chaque fois, justifié dans ses actions par ceux qui bombent le torse à l’Hôtel de Ville.

Où veut-on en venir ? Car faire des critiques sans présenter une solution adéquate n’est pas digne d’un citoyen et encore moins d’un quotidien digne de ce nom. Non pas qu’on se targue d’avoir les connaissances de ceux qui dirigent la capitale, loin de là. Mais ce qui est sûr, c’est que la méthode « ramassage-tabassage » ne marche pas et ne marchera jamais. La violence n’entraine que la violence et il est certain que les marchands de rues finiront un jour par se révolter et brûler l’Hôtel de Ville pour faire passer le message. Pour chercher l’apaisement mais surtout l’efficacité dans l’assainissement des rues de la capitale, ne serait-il pas préférable d’arrêter de courir après les marchands de rues ? En effet, la Commune urbaine d’Antananarivo pourrait envisager de seulement poster des éléments de la police municipale le long des trottoirs pour que ces derniers empêchent en permanence les marchands de les envahir. Cela aiderait également à économiser le carburant dépensé pour les ballades des éléments de la police municipale. Sauf si bien évidemment, il y a intérêt à ce que du carburant soit utilisé et que des dépenses soient faites. Là, ce serait juste une histoire de milice en action.

Oussa Fémal