Des améliorations observées dans les finances publiques, mais il faut tenir compte des pièges à éviter. C’est le constat et la recommandation de la banque mondiale pour Madagascar dans sa dernière publication sur la situation économique du pays.

La politique budgétaire devient de plus en plus expansionniste. Le déficit budgétaire pour 2016 est estimé à 4,3% du Pib, suite à une augmentation des dépenses publiques mais aussi des efforts d’apurer les paiements d’arriérés qui ont été largement accumulés durant la période de crise. Cette approche a débuté en 2015, marquant une réorientation par rapport à la période de crise politique, durant laquelle les déficits budgétaires étaient contenus, vu que les autorités cherchaient à maintenir la stabilité macroéconomique avec la diminution des recettes fiscales et du financement extérieur. Bien que la stabilité budgétaire ait été préservée, les dépenses en service public et en investissements ont souffert. Les ressources disponibles au cours de cette période ont été principalement utilisées pour le paiement des salaires et des subventions destinées à maintenir le prix du carburant, et aussi pour les sociétés d’État.

D’un autre côté, la réorientation de la politique budgétaire est soutenue par les efforts visant à accroître l’espace budgétaire et les dépenses dans les domaines prioritaires. Selon la loi de finances de 2016 et le projet de loi de finances pour 2017, l’accent est mis sur l’augmentation de l’espace budgétaire à travers l’accroissement du recouvrement des recettes et l’amélioration de l’efficacité des dépenses. Les principaux domaines prioritaires sont les infrastructures, les secteurs sociaux, la bonne gouvernance et le développement rural. Cependant, l’allocation budgétaire est restée constante à 3,8% du Pib.

Les réformes de l’administration fiscale montrent des résultats. Jusqu’à fin septembre 2016, les recouvrements des recettes fiscales ont atteint 71% de la prévision annuelle, soit une augmentation de 10% en termes réels par rapport à la même période en 2015. Les impôts sur le commerce international et les impôts intérieurs sur les biens et services, en particulier, ont connu une tendance à la hausse. Les réformes des procédures douanières, dont des contrôles plus poussés et une collaboration plus étroite avec les autorités de l’administration fiscale, ont permis une augmentation des recouvrements des taxes douanières.

Subventions et transferts encore élevés

La structure des dépenses publiques est en train de changer vers la baisse des subventions, bien que les dérapages doivent être évités. En 2016, les dépenses courantes en pourcentage du Pib devraient diminuer, une tendance qui devrait se poursuivre en 2017. Les dépenses courantes au cours des trois premiers trimestres de 2016 sont réduites de 0,5% du Pib par rapport à la même période de 2015. La réduction a été en partie tirée par une baisse des subventions et des transferts, suite à l’élimination des subventions au prix à la pompe du carburant. Cependant, à 3,2% du Pib en 2016, les subventions et transferts sont encore élevés, en particulier ceux alloués à la Jirama et aux caisses de retraite. Des pressions imprévues en cours d’année peuvent également donner lieu à des subventions plus élevées pour la Jirama, et qui peuvent supplanter les dépenses prioritaires, et devraient ainsi être évitées. Les dépenses sur les secteurs prioritaires et les investissements publics auraient dû augmenter en 2016.

Augmentation des dépenses sociales

Les autorités se sont engagées à accroître les dépenses sociales, ciblant les ministères chargés de l’eau, de la population, de la santé et de l’éducation. Les dépenses en capital devraient également passer de 3,5% du Pib en 2015 à 5,3% en 2016. Une plus forte expansion des investissements publics est prévue en 2017, principalement tirée par le financement extérieur.

Une difficulté majeure sera de veiller à ce que l’exécution des dépenses suive le rythme des dépenses prévues. En fin septembre 2016, l’exécution des dépenses publiques était à 37,6% du budget. Le taux d’exécution varie dans chaque secteur : 61% dans le secteur social, 35% dans le secteur administratif, 18% dans le secteur des infrastructures et seulement 14% dans le secteur productif. Toutefois, ces chiffres pourraient être sous-estimés en raison des retards de l’enregistrement des investissements sur financement extérieur dans le système de comptabilisation de l’État.

Les perspectives de politique budgétaire du gouvernement prévoient une expansion des financements par endettement, mais le risque de surendettement reste modéré. A la fin de 2015, la dette publique a été estimée à 41% du Pib, dont la plupart a été contractée à des conditions concessionnelles. Sur la période 2011-2014, la dette publique totale est estimée à 33,7% du Pib en moyenne. La projection d’augmentation du financement par endettement à partir de la fin de 2015 est surtout prévue pour financer la mise en œuvre du programme d’investissement public du gouvernement. Les partenariats publics privés (Ppp) sont aussi considérés dans la stratégie de financement des investissements publics. Bien que la dette et les Ppp soient des moyens permettant d’augmenter les financements, ces stratégies sont associées à de plus grands risques pour les finances publiques et devraient être gérées de manière prudente.

Recueillis par FR