En somme, presque tous les parcs naturels de Madagascar renferment des trésors miniers. C’est le cas de la réserve naturelle de Zahamena où récemment, la localité de Didy a fait la « Une » de tous les journaux et où l’Etat a dû intervenir d’une manière musclée. Et on sait aujourd’hui que le sous-sol de l’aire protégée de Maromizaha, toujours dans la province de Toamasina, renferme aussi des pierres précieuses, notamment de la tourmaline.

Il y a moins de deux semaines, les feuilletons sur l’occupation illicite de petits exploitants miniers malgaches de la réserve de Zahamena, plus précisément dans la commune rurale de Didy à Ambatondrazaka, occupaient encore les pages politiques et faits divers des principaux quotidiens de la Capitale. Effectivement, l’affaire a vite tourné  au scandale avec la présence effective ou non, d’une partie de la famille du président de la république. A Didy, il s’agit d’une pierre qui figure parmi les plus rares et les plus chères du monde : le saphir ! Et depuis quelque temps, c’est l’autre aire protégée de Maromizaha qui se trouve au centre de la préoccupation des forestiers et des agences de protection de l’environnement et c’est la deuxième fois en l’espace de deux ans. En 2014, Maromizaha a connu sa pire dégradation avec un minimum de 172 ha de forêts rasées en l’espace d’un trimestre. Les autorités locales n’étaient pas en mesure de freiner la ruée vers la production de charbon dans cette forêt primaire qui abrite une biodiversité unique comme les lémuriens du genre Babakoto, Simpona, et Varikandana. La première cause de cette déforestation massive est en relation étroite avec la pauvreté grandissante de la population locale.
Et vendredi dernier, une descente inopinée des responsables a permis la découverte d’une carrière d’exploitation illicite de tourmaline mais aussi l’arrestation de six personnes.

Richesse du sous-sol
Ainsi, on a trouvé dans un abri de fortune, des matelas, des affaires personnelles des miniers, un stock de nourriture, du matériel de soins mais aussi d’autres appareils motorisés d’exploitation minière de type marteau-piqueur. Une pompe à eau et un puissant groupe électrogène, tous deux à l’arrêt, ont été découverts à l’entrée du tunnel d’exploitation. Situées aux alentours, une soufflerie et une forge à côtés desquelles des outils tels que des marteaux, des burins, des pioches et des tenailles jonchaient le sol. A l’intérieur du tunnel d’environ dix mètres de profondeur, courraient un réseau électrique alimentant des projecteurs et un tuyau permettant de pomper l’eau. D’autres outils spécifiques au travail minier ont également été retrouvés. Les six personnes ont été interpellées par une brigade mixte constituée de deux membres de l’équipe de gestion de l’aire protégée Maromizaha, de deux gendarmes, d’un agent de la Circonscription régionale de l’environnement, des eaux et forêt de Moramanga et de seize Polisin’ala. Et avant de quitter le site, l’équipe de brigade mixte a procédé à la destruction du campement de fortune et de toutes les autres installations de l’exploitation minière.
En somme, cette exploitation illicite révèle, encore une fois, la richesse du sous-sol de Madagascar mais aussi la difficulté de la protection de l’environnement dans notre pays.

J.L.R