Décidément, il n’y a que chez nous que la démission pose problème et que les politiciens tiennent autant à leurs fauteuils. Du plus petit au plus grand des modèles, ils sont toujours aussi convoités par les uns et toujours aussi trop chéris par ceux à qui le peuple les a donnés. Mais une fois encore, une fois de plus, la démocratie et surtout l’éthique occidentale nous donne un bel exemple de personnes qui méritent leurs places et qui savent en rester digne, qui connaissent leurs responsabilités et leurs devoirs. Les Italiens se sont massivement prononcés dimanche contre la réforme constitutionnelle proposée par le Premier ministre Matteo Renzi. Ce dernier a annoncé qu’il remettrait sa démission lundi au président italien. Alors que les bureaux de vote ont fermé à 23 heures dimanche en Italie, les premiers sondages sortie des urnes ont indiqué une victoire massive du «non» au référendum constitutionnel organisé par le Premier ministre Matteo Renzi, le conduisant à démissionner. Les premiers résultats partiels portant sur la quasi totalité des bureaux ont donné, peu avant 3 heures, le « non » à 59,66% des voix.

« Mon expérience de chef de gouvernement s’arrête là », avait alors déclaré Matteo Renzi lors d’une allocution en direct à la télévision. Le chef du Conseil italien a dit et souligné assumer la pleine responsabilité de sa défaite, qu’il a qualifiée d’ »extraordinairement claire ». « Aujourd’hui, le peuple italien a parlé sans équivoque. J’embrasse fort mes amis du ‘oui’, on a essayé », a-t-il ajouté en adressant ses « félicitations au front du ‘non’ et en lui souhaitant d’œuvrer pour le bien de l’Italie et des Italiens ». Le Premier ministre a donc remis sa démission hier au président italien Sergio Mattarella. Ce dernier aura pour alternative de confier au désormais ancien Premier ministre Matteo Renzi ou à une autre personnalité la charge de former un nouveau gouvernement ou de convoquer des élections législatives anticipées. Le référendum portait sur une réforme constitutionnelle, censée simplifier la vie politique dans un pays qui a vu défiler 60 gouvernements depuis 1948. Elle prévoyait une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions ainsi que la suppression des provinces. Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5s) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des « frondeurs » du Parti démocrate de Matteo Renzi, avait appelé à voter « non » en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement. La participation a été massive, elle a frôlé les 70%. Le message envoyé par les Italiens est « un message de rage », ont fait savoir les observateurs d’un peu partout dans le monde. C’est un lourd échec pour Matteo Renzi qui perd son pari. Le président français François Hollande a de son côté pris acte de la décision du chef du gouvernement italien tout en saluant son dynamisme et ses qualités mises au service de réformes courageuses pour son pays.

Trop de pouvoir entre les mains de l’exécutif, une victoire du « non » qui ne laisse aucune ambigüité sur le fait que le peuple est loin d’approuver la politique menée par ce responsable. Bien évidemment, aucune personne censée n’oserait essayer ce qu’a fait Matteo Renzi, sauf quelques exceptions qui, à force d’être resté au pouvoir, ont fini par ne plus vouloir partir et régner en maître dans le pays. Toutefois, la soumission des autres institutions au pouvoir exécutif est aussi évidente comme le nez au milieu de la figure. Que ce soit le parlement, la justice ou peu importe, tout le monde s’accordera à dire que les tenants du pouvoir se plaisent trop à imposer leur volonté ici et là comme bon leur semble sans respecter la séparation des pouvoirs. De plus, ces derniers croient et rêvent que le peuple est avec eux, dans tout ce qu’ils entreprennent. Mais pour voir, organisez donc un référendum, que celui qui est battu cède la place !

Ny Aina Rahaga