Malheureusement, tous les coups sont permis en politique, et dans le même ordre d’idées, les armes les plus puissantes sont l’argent et les médias. Pas la peine de s’attarder sur la première, c’est un fait qui est indéniable autant à Madagascar qu’à l’étranger. La seconde, elle, devrait a priori permettre l’existence d’une pluralité d’opinions, propager différentes idées politiques et instaurer en quelque sorte une démocratie. Mais comme souligné plus haut, les médias sont plutôt devenus un instrument de campagne politique. Le journaliste et publiciste allemand Paul Sethe l’a d’ailleurs si bien dit : « La liberté de presse est la liberté de deux cents personnes riches de diffuser leurs opinions ». Derrière chaque succès politique se trouve forcément un puissant groupe médiatique. Prenons comme exemple le Brexit. La sortie de la Grande- Bretagne de l’Union européenne est en grande partie due au fait que le Pdg et fondateur de News corporation, le célèbre Rupert Murdoch l’a bien voulue et a appuyé la démarche qui allait dans ce sens. Tenant dans ses mains 70% des médias britanniques et 50% des médias européens, son influence sur l’opinion publique est telle que chaque politicien rêverait de l’avoir dans son camp, il n’est pas politicien mais a encore plus de pouvoir. Idem pour l’ancien président d’Italie, Sergio Berlusconi, avant que le peuple transalpin ne se rende compte de la supercherie, il possédait presque la quasi totalité des médias et les utilisait à sa guise. Le même phénomène peut aussi être remarqué à Madagascar avec l’accaparation des médias publics par l’Etat. Ce qui a rapport avec le pouvoir en place est rendu public mais les déclarations de l’opposition, quant à elles, sont censurées. La bataille politique se fait à coup de première page et d’éditorial rugissants. Une étude intitulée « Impact de la structure des propriétés des médias sur la couverture médiatique, la représentation politique et le travail du journaliste » a d’ailleurs été menée à ce sujet par la Friedrich Ebert Stiftung (Fes), et la conclusion qui en est sortie est la suivante : « le fait qu’à première vue Madagascar semble avoir une diversité médiatique n’est que de la poudre aux yeux, les médias se divisent surtout en deux, les pro-pouvoirs et les opposants ».

Ny Tsiky R.