A des évènements de ce genre, le minimum requis est le fait d’être proche de la famille ou du moins avoir reçu une invitation, un faire-part, afin de ne pas passer pour des sauvages ou des mal-élevés. Surtout pour les malgaches, on ne se pointe pas comme une fleur à un mariage ou dans notre cas, à un enterrement d’une personne que l’on ne connait pas pour procéder à une arrestation manu militari. Vous l’aurez compris, il est et sera question de l’arrestation qui aura marqué la semaine dernière ; l’évènement de cette fin d’année qui aura consacré le caractère à la limite du tolérable de ce premier régime de la quatrième République. Des doutes planaient encore après, par exemple, le scandale concernant le code de la communication, un code « liberticide » disait alors le monde. Un monde qui réclamait la liberté d’expression pour le peuple malgache déjà oppressé par la dureté de la vie. Finalement, un terrain d’entente a été, semble-t-il, trouvé et l’affaire s’est tassée. Après également le désormais « Ananas gate » ou l’histoire de la robe ornée du fruit de saison la plus chère de l’histoire de  notre île en forme de pied gauche. Des exemples, on n’en manquera certainement pas et des vertes et des pas mûres, il y en a eu depuis l’avènement la quatrième République.  Mais ce qui s’est passé ce week-end a tout simplement dépassé la limite du tolérable. On aurait pu faire preuve de bon sens ou simplement de respect pour l’âme d’un défunt. Mais certains sont tout simplement sans-gêne.

Pouvez-vous imaginer un seul instant que des opposants au régime ou tout simplement une partie de la population exacerbée par la façon de faire du régime actuel débarquent à un évènement du président de la République pour s’expliquer avec lui ?  On parierait sur le fait qu’en quelques minutes, des rafales de balles se feraient entendre à plusieurs kilomètres à la ronde. Les blindés des sommets du Comesa et de la Francophonie seraient dépêchés illico presto et des tout-terrain des forces de l’ordre envahiraient les rues. Et même si ce n’était pas le président de la République, si c’était une de vos  fêtes familiales, vous serez sans doute outrés de voir des gens débarquer à l’improviste sans même une autorisation. C’est ce qu’il s’est passé pour l’ancien ministre alors qu’il était à l’enterrement d’un membre de sa famille. Il est alors bon de rappeler, vu qu’on est entré dans la période des arrestations de tous ceux qui gêneraient le régime, que les tenants du pouvoir avaient appelé à une trêve politique le temps du 16ème sommet de la Francophonie. Pour ainsi dire lorsque cela leur convient de mettre en place une trêve ou servir leur intérêt à savoir le bon déroulement du sommet. Trêve n’est plus lorsqu’il y a besoin immédiat d’arrêter un homme en plein enterrement, tout en sachant l’importance de cette étape pour les malgaches. Or, l’ancien ministre et non moins baron d’un des partis d’opposition les plus pesants avait déjà été retrouvé bien avant cet enterrement en compagnie d’un ministre de l’actuel gouvernement et d’un des proches du régime également.

Comme nous le disions au départ, c’est une consécration du caractère à la limite tolérable de ce régime et de ses barons. A la limite tolérable car en effet, le peuple malgache continue jusqu’à maintenant de faire avec ce qu’il y a là au pouvoir.  Pourtant, on connait les malgaches comme des personnes qui ne se laissent pas faire et qui répliquent au quart de tour sans attendre quoi que ce soit. Sans-gêne, c’est comme cela qu’on appelle des dirigeants et un régime qui agissent de la sorte. Sans aucune manière, sans aucun respect. Qui ne sourcille même pas à l’idée que 92% des malgaches vivent dans des conditions insoutenables. Et alors que ses dignitaires sont embourbés dans des histoires de pots-de-vin et de détournement de deniers publics, puis relaxés, les opposants qui ont défendu leur lieu de naissance contre des envahisseurs chinois sont emprisonnés. A nos disparus, disions-nous au début de ce mois.

Oussa Fémal