C’est la première fois dans l’histoire qu’un parking public fait l’objet d’une demande de propriété. Il s’agit du  building A de la Cité Ampefiloha. Les occupants de cet immeuble crient au scandale et soupçonnent une  corruption quant à l’occupation de ce parking.

« Sans aucune information, ni affichage ni quoi que ce soit, une personne au nom de José Rasolomananjara a demandé de faire le bornage du parking du  building A de notre cité », se plaint le représentant des occupants de l’immeuble en question lors d’une conférence de presse organisée vendredi dernier à Ampefiloha. « Cette personne a, au début, construit une petite cabane sur les lieux, une cabane qui, d’après ses dires, était provisoire », explique un autre habitant de l’immeuble. Contrairement aux attentes des occupants, José Rasolomananjara a déposé une demande de bornage. « Nous avons le titre de propriété, mais grande fut notre surprise quand nous avons découvert que José Rasolomananjara a aussi une titre de propriété. D’après nos enquêtes, il a déclaré lors de la demande de bornage que le terrain n’est pas occupé alors que le parking de l’immeuble se trouve à cet endroit depuis des années, et le puisard du building est au-dessous de cet endroit », explique le représentant des occupants de l’immeuble avant de rajouter, « si  l’on nous a prévenus, nous nous sommes opposés à ce bornage. Puis si l’Etat décide de vendre ce parking, bon nombre d’entre nous ont de l’argent pour l’acheter, pourquoi donner le parking en catimini à cette personne ». « Nous soupçonnons une corruption. Nous avons apporté l’affaire devant le tribunal et nous avons eu gain de cause le 26 septembre 2016.  Nous avons déjà saisi le Bianco qui a fait une descente sur place. Mais nous avons été surpris quand nous avons appris que des émissaires du ministère de l’Aménagement du territoire sont venus jeudi et ont annoncé que l’affaire du tribunal appartient au tribunal mais que le terrain est une propriété de l’Etat », explique toujours notre interlocuteur.

Le foncier en tête de liste

Parmi les principaux secteurs qui font l’objet de dénonciations des citoyens parvenues auprès du Bianco, le foncier se place en tête de liste avec les Collectivités territoriales décentralisées, selon les statistiques des doléances reçues.

En moyenne, le Bianco reçoit, annuellement, environ 100 doléances de corruption concernant le secteur foncier, soit 10% à 12% de l’ensemble des doléances de corruption reçues.Les chiffres enregistrés concernant les doléances au niveau du Bianco pourraient sous – estimer l’ampleur du phénomène dans les administrations déconcentrées et décentralisées. Très peu de citoyens, pour l’instant, osent porter leurs conflits devant les tribunaux ou le Bianco, et ne le font que lorsque tous les recours au niveau informel et local sont épuisés.

Il n’est plus à rappeler que les actes de corruption nuisent à la société et à l’Etat, en engendrant une inégalité des droits et de l’accès à la formalisation de la propriété pour les usagers pauvres et les non habitués des bureaux de l’administration dont les dossiers ne seront instruits qu’en dernier lieu. Souvent, les litiges fonciers avec toutes les infractions génératrices d’insécurité qui en découlent en sont les conséquences à court ou à moyen terme. De même, ces pratiques créent un énorme manque à gagner pour la trésorerie publique car les dispositifs de taxation et d’imposition sont contournés.

Les occupants du building A de la  Cité Ampefiloha, composés de 34 ménages,  espèrent que la décision de la justice soit prise en considération. D’ailleurs, les procédures sur la dotation de ce terrain ne sont pas suivies. En plus, José Rasolomananjara a annoncé noir sur blanc dans son dossier qu’il n’y a ni espace vert ni parking à cet endroit. « Le parking est d’après nous, une propriété commune, si la Seimad ou l’Etat décide de le morceler, qu’il nous tienne au courant », conclut le représentant des 34 ménages occupants du building A de la Cité Ampefiloha.

Recueillis par FR