Voilà une bien belle chose, penser ce que l’on dit, et non pas faire comme ces autres qui ne font que parler et parler, superposer discours sur discours. Penser ce que l’on dit peut avoir deux aspects. Tout d’abord, il s’agit bien de réfléchir aux phrases que l’on va sortir. Comme dit cette expression, « tourner sa  langue sept fois avant de parler ». Mais en second et plus important encore, il s’agit de littéralement penser ce que l’on dit. C’est-à-dire ne pas parler juste pour le faire mais plutôt être convaincu de ce que l’on dit et s’en tenir. Etre franc signifie, selon le dictionnaire, agir de façon claire, sans équivoque ni arrière-pensée. Parler sans détour ni dissimulation et, de ce fait, ne pas cacher sa pensée. Bien évidemment, en aucune façon, cela ne veut dire être grossier. On peut tout autant être poli et courtois en disant ce que l’on pense. La franchise est, dit-on, une vertu, et longueur de temps n’éteint noblesse ni franchise. Quand on est franc une fois, il faudrait l’être deux fois, et ainsi de suite. Ce serait là la plus grande réussite des politiciens malgaches s’ils pouvaient bien évidemment y arriver. Cela profiterait bien plus à la population que ces milliards de dollars octroyés chaque année mais qui, au final, n’impactent jamais réellement la vie des Malgaches. En termes de franchise, Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, vient d’ailleurs de donner un bel exemple au monde entier et surtout aux grandes puissances actuelles.

Très gros malaise à Jérusalem après le vote, vendredi soir, par le Conseil de sécurité, d’une résolution exigeant l’«arrêt immédiat et complet des activités israéliennes de colonisation dans les territoires palestiniens occupés», y compris Jérusalem-Est. Cette résolution, la première depuis 1979, est un camouflet pour l’Etat hébreu qui se voit condamné par la communauté internationale. Et qui risque des sanctions économiques et politiques s’il poursuit l’occupation des territoires palestiniens. L’important dans cette affaire est que le texte ait été voté, les Etats-Unis n’y ayant pas opposé leur veto, comme ils le faisaient régulièrement. Leur représentante s’est contentée de s’abstenir. Une nuance qui change tout selon le journal Libération. Pour la première fois en trente-six ans donc, le Conseil de sécurité de l’Onu a condamné la colonisation israélienne dans les territoires occupés et à Jérusalem en demandant à l’Etat hébreu d’arrêter « immédiatement et complètement » de telles implantations et ce à travers la résolution 2334.

Par la suite, les ambassadeurs des pays siégeant au Conseil de sécurité ont été convoqués au ministère israélien des affaires étrangères le jour de Noël. C’était la réponse de Benjamin Netanyahu au vote de la résolution condamnant la colonisation israélienne, adoptée grâce à l’abstention des Etats-Unis, qui n’ont pas protégé leur allié de toujours en mettant leur veto. L’ambassadeur américain a donc lui aussi été convoqué dimanche soir. Sur la question de savoir si Israël va oui ou non appliquer la résolution, la réponse a été donnée par Netanyahu lui-même, avec franchise. Non, même si les responsables palestiniens, à commencer par le président Mahmoud Abbas, ont salué « un coup sévère contre les politiques israéliennes ». D’entrée de jeu, juste après l’annonce du vote, Benjamin Nétanyahu a affirmé qu’Israël « rejette cette résolution honteuse et ne s’y conformera pas ». Rien dans le texte du document onusien ne l’y oblige en effet. Aucune sanction n’est prévue dans la résolution 2334 en cas de non-respect du texte. En effet, la résolution n’a pas été adoptée sous le chapitre VII – qui autorise le recours à la force pour assurer la paix et la sécurité.

Ce qui n’est donc pas sans rappeler une petite histoire vieille de 1979 également mais qui concerne notre petite Grande île. Petite car elle, ou plutôt ses dirigeants mis à part un certain Ratsiraka Didier, n’a jamais pu s’exprimer sur l’occupation française des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India. « La franchise est le moyen le plus déguisé d’être malveillant à coup sûr” dit un autre proverbe. On le signale car il est vital pour la population malgache actuellement de devenir malveillante vis-à-vis de l’attitude amorphe et laxiste des tenants du pouvoir, surtout en ce qui concerne des questions comme les iles éparses ou les bois de rose de Singapour. Netanyahu l’a bien montré, ce n’est pas lorsqu’il s’agit des grandes puissances ou de l’Onu qu’il faut que l’on s’écrase.

Oussa Fémal