Le groupement de la Gendarmerie nationale du Boeny vient de dresser un bilan des plus accablants en ce qui concerne les méfaits des dahalo et les vols de zébus pour le compte de l’année 2016. Il en est ressorti des chiffres déconcertants sur la situation actuelle. En effet, pour l’année dernière seulement, il semblerait que 7 720 zébus ont été volés. Et sur ces presque 8 000 bêtes volées, seulement 1 025 ont pu être récupérées et restituées à leurs vrais propriétaires. Le reste donc a, soit disparu dans la nature et probablement exporté illicitement du territoire, soit encore dans les fourrières. Il s’agirait de quelque 6 700 têtes en ce qui concerne la région Boeny. Mais le problème n’en reste pas là, car si la récupération de ces animaux volés pose problème, l’arrestation des dahalo représente également pour les forces de l’ordre une autre paire de manches. Toujours en ce qui concerne la région Boeny, 126 personnes ont été inculpées dans des affaires de vol de zébus, ce qui est très peu pour les 7 720 animaux volés au cours de l’année. Pourtant, la moitié d’entre elles seulement ont été placées sous mandat de dépôt, le reste ayant bénéficié d’une liberté provisoire. Ces chiffres, à une échelle régionale, donnent un aperçu de la situation nationale et ne peuvent qu’inquiéter l’opinion.

En voie de disparition

Depuis longtemps, Madagascar est considérée comme un pays d’élevage de premier ordre possédant un important troupeau de zébus. Présentement, ce cheptel doit satisfaire les besoins d’une consommation locale en augmentation progressive, ceux des usines de transformation dont les besoins s’élèvent à 1.250 tonnes de bœuf à la gelée et 3.000 tonnes de viande congelée mais aussi les demandes de bœufs sur pied des îles Maurice et de la Réunion qui favorisent l’exportation illicite de ces animaux. Chaque année, 800.000 bêtes de six ou sept ans sont abattues. Cette ponction trop élevée a fait passer le troupeau des 8 millions de têtes qu’il comptait voilà quelques années à 6 millions. Il y a quelque temps encore, l’ordre des vétérinaires de Madagascar avait déclaré qu’« au rythme de l’exploitation actuelle, le cheptel bovin malgache risque fort d’être décimé d’ici 5 ans ». Et pourtant, la région Boeny n’est pas parmi celles qui sont les plus touchées par les actions des dahalo. Si l’on se réfère au rapport du groupement de la gendarmerie nationale du Boeny, il s’avère maintenant que les luttes menées par le régime actuel contre ce fléau sont totalement inefficaces et devraient être revues dans leur intégralité.

Régis Kabary