« C’est étonnant de voir ces employés de bureau prendre le balai » s’est exclamé l’un des balayeurs de rue de la Commune urbaine d’Antananarivo lors du rassemblement organisé hier par la Mairie pour le « grand assainissement de l’axe Ambohijatovo-Soarano ». C’était en effet un spectacle peu ordinaire que de voir quelques membres du Conseil municipal et du Cabinet du maire, conduits par le nouveau premier adjoint ainsi que les responsables au niveau du premier arrondissement de la capitale se joindre à ceux qui nettoient vraiment la ville chaque jour. Dans l’ensemble, cette nouvelle initiative de la Cua qui visait, selon les responsables, à « sensibiliser et conscientiser les habitants de la capitale sur la nécessité de la propreté à travers l’action et la communication » a plutôt atteint son objectif. En effet, les gens qui ont vu les députés, du même parti que la maire Lalao Ravalomanana bien sûr,  ont apprécié leur geste. Donc la communication a marché. Mais beaucoup ont également fait la remarque selon laquelle il y avait eu une sorte d’inégalité de traitement entre les bureaucrates et les vrais balayeurs de rue de la Commune. En effet, alors que les vrais nettoyeurs de la ville tenaient dans leurs mains les balais, les pelles habituelles et les brouettes, les hauts responsables ont eu droit à des masques pour se protéger contre la poussière et toutes autres bactéries pouvant altérer leur santé.

A perpétuer

Bien évidemment, les « mpamafa lalana » et les volontaires des Rf2 au niveau du premier arrondissement ont soulevé ce problème d’inégalité de traitement. Car il est évident que ce sont eux qui ont le plus besoin de masque de protection. D’autant plus que le délégué du premier arrondissement, Razafindratsima Gérard, a souligné qu’Antananarivo devait au moins être débarrassé de 50 kilos d’ordures chaque heure. Aussi, ce genre d’initiative de grand nettoyage serait à perpétuer. Il en est de même de la participation des hauts responsables et dirigeants au niveau de la Mairie. Mais par-dessus tout, les conditions de travail ou, du moins, le matériel mis à disposition de ces balayeurs devraient être révisées par la Commune. En effet, si l’on peut fournir des masques à quelques personnes qui n’effectuent ce nettoyage qu’une fois par an, ceux qui le font de 5 heures du matin jusqu’à tard le soir tout le long de l’année devraient bénéficier de ce minimum. Mais selon ces derniers, c’est comme le salaire au niveau de la Commune : ils le perçoivent la plupart du temps en retard, ce qui n’est pas le cas pour les hauts responsables descendus hier à Ambohijatovo.

Régis Kabary