Nul besoin d’analyse, il n’y a qu’à se rapporter à des constats pour se convaincre que l’on pénètre une fois encore dans une zone de turbulences. Les « vahiny », nationaux ou étrangers, s’étonnent toujours de ce visage bon enfant que présente une crise sans manifestation de trouble. Ces avis flatteurs plus ils sont sincères plus ils alertent sur un mal en profondeur. Les aggravations des difficultés concernant la quotidienneté de la population semblent s’être donné rendez-vous, elles sont certes de saisons, mais elles n’en paraissent pas moins plus menaçantes.
Les résultats des examens ont enregistré un recul : dans de nombreux foyers les déceptions consécutives aux échecs se mêlent simultanées aux efforts indispensables pour assumer la rentrée des plus jeunes. Le coût des déplacements menace de décoiffer les budgets avec des annonces d’une hausse des tarifs des taxis-be. Les mères de famille à la recherche d’un équilibre déjà introuvable de leur budget redoutent l’arrivée précoce et féroce de la période de soudure aux effets ravageurs. Où courir ou (où) ne pas courir ? Le dilemme de plus en plus cruel de nombreuses familles prises en tenailles entre l’avalanche des chertés et la stagnation ou pis du tarissement des ressources. Presque cynique d’avoir à le dire, mais les salariés même au plus bas de l’échelle ne sont pas les plus mal lotis. Plus nombreuses sont les familles dans une précarité telle, qu’il ne s’agit même plus de vivre au jour le jour, mais de boucher les trous de la veille pour trouver une opportunité de s’endetter afin de calmer le creux du jour.
Le secteur informel s’essouffle à son tour et le commerce de rue en particulier a mangé son pain blanc, simple manière de parler car à quelques exceptions près, cette activité, un pis-aller pour une majorité n’a jamais bien nourri son homme. L’emploi en général ne promet pas pléthore d’embauches en cette rentrée, aggravation du problème pour les milliers et milliers de jeunes que la fin de scolarité (fin de cycle, échec ou difficultés financières) va davantage jeter à la rue que projeter dans le monde du travail. Sans faire dans le pessimisme, ni vouloir peindre plus noir le tableau qu’il ne l’est en réalité, on ne peut que reconnaître de sombres perspectives sociales. 
La situation politique ne vient pas pour autant dégager l’horizon. La petite éclaircie que permettaient d’entrevoir les élections semble s’estomper derrière les nuages d’une nouvelle tension. Sur la scène l’irruption d’une force, pas majoritaire sans doute mais non négligeable pour autant, menace de créer de nouvelles perturbations. On annonçait un climat d’apaisement, on se retrouve avec deux taureaux dans l’arène. L’un que l’on pensait endormi dans les box, déboule l’écume aux naseaux, labourant de ses quatre fers le sol, exige de l’autre ni plus ni moins que de déguerpir du corral. Ressurgissent les positions inconciliables, celles de ceux qui auraient pourtant pu influer sur une démarche de réconciliation.

Léon Razafitrimo